histoire coréenne pour changer
Je vais - pour changer un peu - traduire et adapter un récit coréen, apparemment une histoire vraie, où le sentiment proprement moral de justice et d'injustice se mêle à une sorte de sadisme familial (maternel), au sens sadien des infortunes de la vertu. On peut penser à Cendrillon, une Cendrillon sans prince pour la sauver de sa fausse soeur.
C'était l'époque où j'allais au collège. Ma famille était très pauvre. Papa, toujours saoûl, distribuait si bien les coups que mon petit frère passait presque toutes ses journées à l'hôpital. Cela faisait des frais, alors Maman était obligée de passer sa vie les mains dans les eaux usées, je veux dire dans la merde. Chaque fois que je la voyais, et encore aujourd'hui qu'elle n'est plus quand je me souviens d'elle, mon coeur se serrait de reconnaissance et de confusion, mais je n'en disais rien.
Bien sûr, nous étions trop pauvres pour nous payer une maison. Il y eut cette année où la patronne de la boutique où travaillait Maman nous logeait tous dans une pièce de sa maison, gratuitement. La fille chérie de la patronne avait cinq ou six ans de plus que moi. Un jour qu'elle revenait du lycée, elle dit à maman, en me montrant du doigt: " celle-là, je l'ai vue, elle m'a volé mon porte-monnaie."
Stupéfaite, je suffoquais, je pleurais, je répétais à maman en m'agrippant à elle que jamais je n'aurais fait une chose pareille. Rien n'y fit, maman, très triste, mortifiée même, m'entraîna dans la chambre pour me fouetter. La maison fut vite remplie du mélange de mes cris et des sifflements du fouet. Je ne sais trop ce que pouvaient en penser la propriétaire et sa fille. Peut-être trouvaient-elles cela un peu dur, mais juste. Ou bien mes cris les ennuyaient et elles avaient pitié d'elles-mêmes!
Au début,j'avais des hoquets de douleur, puis mes larmes prirent une autre signification: moi, je ne pouvais supporter cette injustice. Au petit matin je me tus enfin. Je ruminais. Je ne souffrais pas pour moi, mais pour la condition faite à ma famille, à ma mère. J'avais compris à la perfection que maman me savait innocente mais qu'elle ne pouvait faire autrement que me battre. C'était ça ou bien la rue. C'était pour moi qu'elle me battait, pour me sauver de la rue et de la misère! Elle me battait tout en pleurant, comme moi, et plus elle était mal à l'aise plus le fouet frappait fort.
Après m'avoir battue, maman avait soigné avec tout l'amour dont elle était capable mes blessures, car il y avait du sang entre mes jambes, puis elle m'avait laissée seule dans la chambre. Des mois durant, mon ressentiment resta égal à lui-même, je ne m'apaisais pas.
"Ah fit le lendemain, radieuse, la fille chérie de la maison, je dois tout de même m'excuser, j'ai retrouvé mon porte-monnaie. On ne me l'avait pas volé, c'est moi qui l'avais égaré."
J'ai 20 ans à présent, je devrais me marier, mais le nom de "sale voleuse" me colle encore à la peau. Je n'ai jamais fait de reproches à ma mère, ni de son vivant, ni après sa mort, je sais trop bien qu'en me fouettant c'était elle-même qu'elle fouettait en réalité.
D'après Imiyong
Pour changer de quoi? Du japonais? Eh bien, ça ne change pas tellement de tes récits habituels! Tu aurais mieux fait d'en rester au nippon et à la Chine...