Un passage d'un brouillon : Route de Limoges
Comme je désespère de jamais finir ce livre, Route de Limoges, consacré à ma mère, Rebeccah, je pioche dans un de mes brouillons un court passage, tout à fait au hasard.
C'est parti!
"La faim m'aida à oublier Maman, pourtant il s'agissait au début de faire en sorte que la tristesse, et même la colère, d'être si loin de Rebeccah - et par ma faute encore - se mêlassent si bien à cette faim qu'elles se fissent, comme elle, sentir en chaque point de mon corps, et ainsi que la séparation, par l'alchimie de la faim, se fasse enfin présente, que je puisse la vivre dans mon corps comme un accouchement.
Le mot est lâché : je voulais accoucher de Rebeccah, ou plutôt de moi, non l'enfant mais l'adulte, un adulte advenu enfin dans les décombres de ce corps, tordu, boiteux, affamé, mais vivant ne serait-ce que de toute cette maladie."