Enseignement et angoisse
En tant qu'enseignant, j'ai vécu au moins deux formes d'angoisse avant un cours. Toutes deux se caractérisant par un même paradoxe : d'une part le temps se fait zénonien, se creuse à l'infini, cesse de passer, d'autre part l'instant redouté est impossible à parer, à exorciser, il arrive comme un bolide depuis l'avenir.
Alors, ces deux formes? D'une part la peur d'élèves violents, ingérables, qui n'écoutent que pour contester, l'impossibilité de faire mon métier, je chute dans mon corps biologiquement offert, victime expiatoire, juive de surcroît.
D'autre part, le sentiment de ne pas être à la hauteur : j'ai préparé mon cours, mais justement je ne me sens pas à la hauteur de ce contenu formidable, je devrais me métamorphoser en un Superman pour commencer ce cours, être à la hauteur de moi-même en somme