Automne: en attendant la pluie
Automne profond comme un regard, une âme, gracieux pourtant ainsi qu'un jeune dieu, une blonde déesse! Mes rêves joyeux, vigoureux comme de jeunes chats, enjambaient d'un bond l'autre côté de la colline, où tu trônais, cheveux au vent comme des ailes d'ange!
Oh demeures enchantées, indéchiffrables, ocres, de mes automnes, comme vous soupiriez, belles Dames, en attendant la pluie! Vous étiez fortes pourtant, ainsi que des manoirs, des châteaux! Les cieux déchiquetés des rues de Pontoise, de Cergy, semblaient autant d'émaux aux couleurs changeantes, ainsi que mes yeux, ainsi que tes yeux.
Dans les rues d'Auxances je suivais une fille qui était l'enfance! Cette route amoureuse, grimpait dru, et je peinais à la suivre! Jamais, jamais, je ne pus te rejoindre!
Enfant j'allais bien loin pourtant, très sûr de moi et ne sachant guère où mes pas me menaient, je m'égarais souvent à trois pas des maisons et des bois, et trempais mes pieds, mes souliers racornis, comme on dit, dedans des rigoles et des caniveaux. Les oiseaux, que la pluie ébouriffait, me regardaient d'un oeil, noir, étonné et bête, sifflant du bec leurs humbles ritournelles. Les jeunes mères d'autrefois priaient leurs marmots de ne point m'imiter, mais comme ceux d'aujourd'hui, ils n'en faisaient qu'à leur tête!
Et je me souviens de la tête ronde et dorée d'un bois, d'un orme, d'un chêne, que je caressais des yeux comme on caresse de la paume un gros chat bleu, et qui cabriole de-ci de-là, dans l'herbe humide et fraîche, ainsi qu'une toute jeune femme, un enfant, un chiot.