En lisant Kafka
En lisant Kafka
Enfermé dedans ta chambre, le monde du dehors n'est que menace, le père et le patron ne te demandent qu'une chose: plier! Obéir!
Et toi, eh bien: tu plies! tu obéis!
C'est grâce à eux que tu es devenu le roi dérisoire d'un monde qui leur est inconnu, c'est à force de t'avoir fait rentrer dans des carrés, des triangles et des ronds qu'ils ont fait de toi ce cafard, cette vermine qui danse le long des murs.
Tu t'es pourtant révolté, ton père était si vieux, si gâteux, il fallait le border, et un jour le porter en terre. Tu ironisais devant lui, lui ton juge, lui ton roi, sans comprendre qu'il était fait d'un autre métal que toi! Ton père était encore un géant, la sentence de mort tomba.
Tu fus aussi artiste de la faim, enterré dans un terrier, tu semblais disparaître du monde, tant tu creusais... Et c'est dans ce creux, où tu t'abolissais, que tu trouvas la paix, la dignité, une paix fébrile que nul ne comprenait, pas même toi.