jeunesse et vieillesse: prophètes imberbes de nos universités, avez-vous vécu, qu'êtes-vous devenus?
Trouble de la jeune âme, de la belle âme, qui ne sait ce qu'elle veut, ni ne sait si elle veut, et se croit appelée pourtant à quelque grand destin!
Elle ne sait si elle a dans le monde si vaste une place, et se cherche dedans les livres un profond terrier
Mais son coeur veut aimer, mais son coeur veut régner, sur de vastes foules, et être admiré, pour son génie et sa beauté!
Tant de vanité est tissu d'humilité, c'est le rêve en somme d'un très petit enfant qui joue à être très grand
Ah prophètes imberbes de nos universités, qu'êtes-vous devenus, avez-vous vécu?
Quoi t'ai-je donc trahi, jeune ami que je fus autrefois? Ai-je payé, O tous les Charon de nos vies fuligineuses et glacées, le prix afin d'étreindre les ombres, les nuées et les songes?
Le voyage fut long et sans répit, la vie était un morne enfer où erraient tant de pauvres hères
Qui ne savaient même pas comment pleurer et se lamenter.
Ma lyre fut pleine de sanglots ainsi que l'urne de nos antiques automnes
Il me fallut du temps,oui tout ce temps, pour vieillir, pour mûrir
Et comprendre que devenir soi, c'est enfin mourir!