Amour est mort
Eh! Toi que j'aime, le sais-tu? Vas porter à la ville la nouvelle. Amour est mort, un jour comme ceux d'aujourd'hui, jour de printemps par conséquent. Depuis longtemps depuis toujours je la pistais comme chien sa chienne, elle se retourna enfin et me dit:
"Amour est morte, amour est Mort
Son idole immense et d'or
Gît à présent par terre, navrée tout du long
La foudre sans doute, la foudre je pense."
Je me souvins alors de ce jour de mai.
J'errais comme un fou, éperdu, dans ce parc immense, dans ce jardin de confusion de toutes essences.
Car j'en ignorais les noms, et n'entendais plus depuis longtemps le bruit ami et tendre de tes pas lointains. Soudain la nuit se fit en plein jour, le bel astre blond s'offusquait, à son coeur défendant, et peut-être à ma vue - à ma vie, à la vie, à la mort - ma mie, ô mon amie.
La tour sans fin s'écroula enfin, j'avais perdu depuis longtemps l'antique algèbre de ton cœur féminin, et tu ne comprenais plus mon latin. Je trouvai dedans mon jeu la carte néfaste de tous les mauvais astres.
Désastre dis-tu en me voyant enfin
Attaché à chacun de tes pas, à chacun de tes noms.
Tu connaissais donc le mien? Car désastre est bien mon nom.
Et le tien.
Désastre chassa au loin, O vieil Empédocle, hors de mon coeur, hors de ton coeur, le bel amour à l'odeur funeste, ce Prince de toute illusion en son labyrinthe de chair, en son palais, en sa tour qui bruit toute pleine de dieux. De dieux faux comme ton coeur, faux comme mon coeur.
L'océan retourna à l'océan
Le vide au vide
Le plein au plein
Ah quelle triste et morne plainte
De par la plaine
L'amour est tout éteint
Sa bougie est morte
Et toi
Sève de ma vie, ô Reine de cœur,
je t'aime à jamais!