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écrits du sous-sol 地階から
31 mars 2017

notes sténographiques sur l'indétermination et le Soi

Transcription de gribouillages sténographiques rédigés pendant une réunion de travail (!)

Ce que l'on prend pour la liberté, le désir de liberté, et qui n'est que le désir d'indétermination, c'est-à-dire exactement le contraire, ou plutôt le symétrique, l'inverse, au point de vue de l'orientation.

Castoriadis et la fureur de ne plus être Soi. Le Soi comme détermination et le désir d'indétermination, qu'on retrouve surtout dans les philosophies orientales, le Zen, etc...

Le philosophe qui nie être quelque chose de défini, qui se veut raison en général. Mais en situation, par exemple en cours, il retrouve immédiatement tous ses habitus, moins performants peut-être qu'à l'ordinaire, son autorité qui suppose sa présence définie et il est vrai aussi de la distanciation, comme on dit.

Et il y a l'inverse, plus reconnu peut-être, la fureur d'être soi quand on se sent vide, indéfini, éternellement novice, comme non initié, profane, nous avons encore à apprendre la vie, et nous avons 60 ans: Kundera, la légèreté de l'être. Le Champion qui caricature et pousse jusqu'au bout telle dimension de l'humain, par exemple qu'il peut courir vite. Est-ce douter de ce soi que d'être perfectionniste? C'est évidemment peur d'être remis en cause, de se voir déplacé, dépareillé, inadapté.

Le résidu, Jung. S'assumer comme inadapté, assumer son résidu. Ce n'est plus l'indétermination, c'est le rebut de la belle détermination. Plus je m'améliore, plus je me définis, plus je définis également mon double, mon négatif. Il se renforce et tend par conséquent à se manifester: Schelling.

Nul n'ose s'avouer à lui-même, peut-être, qui est son résidu! Je n'en parle jamais dans mes écrits et je ne parle que de cela, en espérant que personne ne lira, ou bien qu'on se demandera si c'est bien moi qui ai écrit cela, ou bien quelque double.

Pourquoi ne pas se contenter, puisqu'on est si indéterminé, de toucher ses sous et d'en faire le minimum? Mais il y a la honte qui me rappelle à moi, à ma face sociale. Ainsi le Japonais sera à la fois zen et enfermé dans la culture de la honte, qui n'est pas la culture de la faute. Comment est-ce possible, une telle dualité?

Le Karma: j'ai à être ce que je suis tout en sachant (je veux dire en m'imaginant savoir) que je ne le suis pas pour la bonne raison que je n'existe pas réellement, c'est-à-dire métaphysiquement, spéculativement.  

La fatigue d'être soi, ou même la fatigue simple, peut-être cette dernière constitue-t-elle la meilleure excuse pour oublier de s'affirmer sans tomber dans la déprime! Ou encore pour nier cette déprime, l'habiller, ce qui d'ailleurs est toujours de l'ordre de ce Soi maudit, s'habiller je veux dire!

Pourtant la déprime est elle-même du corps. Alors? Mais la fatigue l'est plus explicitement. Bref, je redécouvre le psycho-somatique, comme d'autres l'Amérique!

La fatigue physique m'évite la fatigue d'être soi, c'est un peu comme la maladie: les autres devraient accepter que si je suis malade il ne faut pas - provisoirement du moins - m'ennuyer avec les soucis de la vie, qui continue, mais sans moi. Ou plutôt la maladie m'enferme, à mon grand plaisir, dans la seule vie biologique, l'infra-existence qui se révèle alors si essentielle, n'en déplaise à Arendt.  

C'est politesse, et c'est l'inverse de la politesse. La personne polie me laisse tranquille en tant que substrat intime et biologique, elle ne s'adresse qu'à ma face sociale. Ici, on fait semblant de s'intéresser à la détresse vitale, on sympathise sans y arriver vraiment. Le malade se replie tout entier dans sa vie privée, pire il veut nous entraîner dans cet abîme, la personne saine, qui se confond avec son Soi, le refuse obstinément : elle se dit qu'il ne sert à rien de sauter à l'eau pour porter secours au noyé, si la mer est trop grosse, on périra tous deux!

Le malade, comme le mort, s'absente de l'horizon commun et en même temps la mort est une question commune, la plus commune de toutes, la question métaphysique par excellence. Par là même, elle m'extrait du monde, je veux dire du Monde.

La laïcité comme forme de politesse : je ne me mêle pas de vos croyances, elles sont intimes. La religion est donc le contraire de la politesse... Elle entend régir l'intimité. La paranoïa comme peur du résidu, comme sentiment que les autres lisent en moi comme en un livre. Je suis visible, on voit le résidu que je suis foncièrement comme au travers de sa négation laborieuse. On voit du moins que je suis parano: ce complot pour le faire passer pour un parano sera écrasé dans le sang!

Le côté clownesque du parano: il terrorise pour qu'on n'ose plus rire de lui.

Il manque de souplesse, s'il est vrai que le rire m'invite à plus de souplesse sociale, à m'adapter aux autres, à les accueillir en moi, mais pas trop profondément cependant. Je ne suis pas que présent, au sens fort je suis durée, mais cette durée peut m'aider à comprendre et à répondre au présent, par exemple au présent sociable.

Et cependant on peut assouplir et dompter ses peurs non pour se plier aux ordres d'un maître collectif, mais au contraire contre ce maître, du moins s'il le faut vraiment. Le stoïcien: si souple et si rigide à la fois. Il fait de son corps et de ses peurs ce qu'il veut, c'est un parfait gymnaste de l'âme. Mais voilà le hic: il veut!

En sténographie, contraire s'écrit + 

Nécessaire, X

0 veut dire contestable!

Mais la Société reconnaissait le philosophe un peu comme l'Orient le Zen... Si bien que cela devenait parfois du boniment pur, d'où les railleries de Lucien.

Et dire que cette belle fatigue dont je fais une sagesse n'est au fond qu'un peu de sucre dans le sang.

Quelque chose d'étrange, d'onirique dans, par exemple, la surveillance d'un devoir. On est visible et on ne fait rien que surveiller, on ne fait rien, c'est un rôle qui vous  dépouille du faire, vous expose, vous prive de votre raison d'être habituelle, de votre verbe. C'est comme si on était nu et que tout le monde s'en fichait. Il en va comme de l'écriture quand elle n'est pas lue.

Jeu et politesse: si je joue à la place de l'autre, même pour le faire gagner, je suis impoli. Je ne le laisse pas participer au jeu en personne, je joue par exemple avec moi-même, je forclos en moi, ou plutôt entre moi et moi le jeu, qui cesse d'être jeu social. Respecter c'est donc question d'interaction. Mais en revanche respecter l'intime c'est aussi respecter la place, laisser de l'espace, mais un espace supposé moins intérieur qu'extérieur - étranger - au jeu social, ou plutôt au jeu public.  

 

 

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  • Confiné dans mon sous-sol depuis mai 2014, j'ai une pensée pour tous les novices du confinement! Mais comme j'ai dit souvent, tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre...
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