De l'autorité
Weber (Max) ne traitait pas de l'autorité, mais d'une certaine Herrschaft, pouvoir, domination. Commandement. Or l'autorité, ce n'est pas ordonner, c'est être garant de l'ordre et c'est surtout l'art d'être obéi. Sans se justifier et sans violence ni contrainte.
Pas de pouvoir sans servitude volontaire, et l'autorité c'est que le subalterne autorise le supérieur.
Il y a une demande d'autorité. Pourtant l'autorité est ambiguë: le respect contient plus ou moins le rire, l'autorité confine toujours plus ou moins au ridicule. Le rite et le blasphème, la messe appelle la contrepèterie en "fesse".
Et certes l'autorité est magie, c'est comme une substance symbolique que l'on accorde et retire par certaines formules, certains gestes: le rituel. L'autorité est circulation, mais suppose un centre, réel ou imaginaire.
Autorité institutionnelle, je représente le groupe, et son dieu.
Autorité psychologique: je me pense légitime et je suis efficace, ou semble l'être. Je conduis bien et je connais la marche du monde. Pourquoi psychologique, alors? Binet: le caractère. Nietzsche, les forts et les faibles, dominants et dominés. Éthologie: individus alpha et individus bêta.
Autorité symbolique : Blaise Pascal. Le théologien qui par distraction ne s'est rasé que la moitié du visage perd instantanément toute autorité. Binet, l'homme du QI, nie cette autorité symbolique, elle ne serait que le signe habituel de l'autorité véritable. Parce que l'autorité est associée habituellement à la vigueur physique, à l'âge, on respecte aussi la vigueur, ou l'âge, mais cela ne fera pas illusion longtemps.
Mais l'autorité a-t-elle une vérité, ou n'est-elle qu'un presque rien, par exemple l'idée qu'untel a de l'autorité?
Le serpent qui se mord la queue.