ville et individualisme
La ville, machine - au sens très général d'artifice, de procédé intelligent pour ruser avec les contraintes du réel - à rapprocher, à raccourcir les flux, suppose donc la rencontre, la proximité, des marchandises, des personnes, des bâtiments, les plus hétéroclites. Il y a là une tension qui peut conduire à la plus grande indifférence des parties par rapport au tout. La ville n'est donc pas en soi Cité, réalité politique. Ou encore on peut réduire cette dimension politique au juste nécessaire, au minimum incompressible.
L'individu, nous apprend Simmel, ne peut survivre à toutes les sollicitations de la grande ville qu'en sécrétant sa propre carapace. La grande ville porte donc l'individualisme autant que la rencontre, chère aux utopistes. On peut imaginer une ville où toutes les langues coexistent dans la cacaphonie absolue: Babel, mythe détesté des amateurs de la diversité linguistique.