métalangage et esprit critique
Si je dis par exemple qu'aucun idiome ne peut régler, n'a la légitimité pour régler, les différends entre les idiomes particuliers, si je nie la légitimité du tribunal de quelque métalangage que ce soit, par exemple celui de l'esprit critique, alors je fais précisément ce que j'entends interdire de faire, je légifère.
Je pose la loi métalinguistique qu'il est interdit à tout idiome de légiférer pour un autre idiome que lui-même.
Bien entendu, reste à voir si l'esprit critique est un idiome, au sens de règles plus ou moins définies, d'une syntaxe. Et certes il en a forcément une, en ce sens que certains énoncés, ou pseudo-raisonnements, seront censurés par lui a priori. Mais ce n'est pas ce qui le définit, disons comme liberté au service du juste, ou du vrai, ou de l'art. Comme herméneutique qui vise plus haut que le sens: le vrai via le faux.
Ses règles sont-elles par conséquent éternellement à venir, au sens d'un Idéal surplombant tout tribunal empirique, toute discussion particulière? Mais c'est supposer à tort que l'esprit critique n'est que formel, ou que l'essentiel est formel, par exemple la logique et non le rapport de la logique à la réalité.
Quelques mots sur l'intérêt (au sens de Habermas) de la sincérité:
nier, remettre en cause, la bonne foi de mon interlocuteur, c'est rendre impossible la discussion, ou bien constater qu'elle est impossible, que mon interlocuteur se contente de coups pour gagner la partie, mais qu'il ne suppose pas que ces coups soient forcément légitimes. Légitimes de quel point de vue, du point de vue de quel intérêt? Il veut me mettre dans l'embarras, me faire tomber, et non m'aider à mieux percevoir la réalité, ou la société juste à venir, ou la valeur d'une oeuvre neuve.