Kafka géomètre
K. Le géomètre...
Il ne l'est pas par hasard, car Kafka rêvasse sans cesse la géométrie, les paradoxes de l'infini et de Zénon. Cela montre sa parenté avec Lewis Carroll !
K. ne cesse de patienter dans des cases, chacune infiniment proche et lointaine d'une infinité d'autres. Alors, on s'éloigne en se rapprochant, on se rapproche en s'éloignant, et ça ne change rien, car l'infini demeure hors d'atteinte. De toute façon, il n'existe pas réellement. Et s'il existait, son message ne nous parviendrait pas. Et s'il nous parvenait, ce ne serait pas lui, et si c'était lui, il serait incompréhensible, et si on le comprenait, c'est qu'il aurait été déformé.
Chez Kafka, Dieu n'est pas transcendant, il est loin, car il faut déjà traverser l'infini pour passer d'un point à un autre. Deux points en effet ne se touchent jamais!
Mieux vaut alors rédiger soi-même sa lettre de mission, mais cela veut dire que l'on n'est rien. On existe et c'est déjà trop.
Cet aspect a été mieux compris par Robbe-Grillet que par Deleuze, ou alors c'est le Château contre le Procès. Il y a les chateauistes et les processistes, en quelque sorte...
Je pense au film tourné en ex-Tchecoslovaquie, avec Trintignant, "l'homme qui ment".