de la bioéthique: simple ébauche

Les esprits les plus réactionnaires opposent la nature à toute intervention de l'homme sur l'homme: la médecine.

L'on tentera simplement de limiter ces interventions. C'est la loi, c'est l'éthique. C'est s'interroger sur ce qui est médecine et sur ce qui n'est plus médecine. Un art, comme la pédagogie, inséparable de finalités implicites, humanistes. Mais contrairement à la pédagogie, la médecine, comme technique pure, pourrait tout aussi bien fabriquer des surhommes et des surfemmes, et d'abord de surembryons.

Mais la morale humaniste et ses catégories sont inséparables d'une certaine façon, traditionnelle, d'être homme. De sa condition. Peut-on développer une morale surhumaniste comme on a développé une géométrie, en somme, sureuclidienne? Ou bien est-ce déjà immoral?

On peut certes assimiler l'homme produit et l'homme classique, par exemple rappeler le rôle des techniques dans l'éducation, à la Vygotski. Pour lui, la langue, les tables de multiplications, sont des outils, qui décuplent notre humanité brute, notre animalité brute.

C'est oublier la différence entre l'artisanat et l'industrie, l'influence et le formatage.

L'on a peur d'une société à la Orwell, ou l'homme serait le moyen, et par conséquent une société sans finalité, sinon elle-même. C'est oublier la médiation ordinaire entre les utopies des philosophes et les découvertes des scientifiques et des techniciens, à savoir l'économie! Mais ici médiation n'a qu'un sens ironique, dans la réalité le dialogue entre le philosophe et le technicien est sans conséquence, c'est le marché qui décide. On peut du moins le craindre. 

La technique à fabriquer de l'homme au service du narcissisme, et le narcissisme au service du marché. Il ne suffit donc pas d'opposer ce qui améliore l'homme et ce qui l'asservit pour supprimer tout dilemme moral. En effet, quelle amélioration est souhaitable, quelle amélioration fait de moi davantage encore un outil, ou un être aliéné, comme on dit sans trop savoir ce que cela veut dire.

C'est la question de l'humanité de l'homme. A-t-elle un sens pour Superman?