de la maladie. Nouvelle version
La maladie, le corps devenu incapable, ou tout prosaïquement, le trou dans la gorge qui t'empêche de respirer, de manger, de boire, de parler enfin.
On se regarde tomber malade, mourir, et si on est courageux, eh bien on n'a pas peur, car on est déjà au-delà du vouloir-vivre, du vouloir être soi. On vit, comme une aventure, cette modification de soi qu'est la maladie, le monde social, politique, l'amour, l'argent même, sont bien loin.
La maladie, qui est aventure, en toute passivité vous libère des passions...
Et puis on vous soigne, on guérit, alors on veut de nouveau s'aimer, vivre, être aimé. On veut retrouver ses marques: où sont les choses et les personnes qu'on a crues siennes? (attribut du complément d'objet direct!)
La maladie ne t'a donc pas rendu plus sage, ce n'était qu'une parenthèse, un à valoir sur ton état futur: la mort, le non-être.
Il est amusant de voir comment les autres font tout pour vous oublier déjà, comme si vous étiez mort, au moins provisoirement. Ou alors ils s'en fichent, ils font semblant de demander de vos nouvelles, mais ce n'est qu'un accroc dans la trame de la réalité concrète, comme ils disent, leurs minuscules obsessions ou leurs grandes, la paperasse, le fric, le boulot...
C'est que la vie continue, elle est le monde, l'objectivité, quand la maladie est tout repli, comme la conscience.
La mort est à la fois retour à l'objectivité pure et
condition de la subjectivité, comme le sommeil. C'est en tout cas une raison irréfutable de se détourner des affaires communes, la Cité, le Zusammenleben, le triste vivre-ensemble.
Reste à parler, comme Hamlet en somme, du rêve et de la religion...