la pêche au souvenir
Dans la fatigue de l'été un souvenir me fait encore aimer la nuit.
C'était une rivière aux eaux noires, lourdes, où nageaient en silence des poissons au ventre gris. Nous pêchions là des carpes, des anguilles et des poissons sans nom. Leur chair était si fine qu'on aurait dit qu'ils n'avaient pas de goût. Mais l'art de la cuisinière, ondine aux cheveux d'ébène, les habillait si bien de câpres et de citron, parfois jaune, parfois vert, que j'avais bien envie d'habiter à demeure près de ces eaux, aussi lourdes que noires, qui jaillissaient, dit-on, de ses seins ainsi qu'un lait divin.
Explication: il en va ici de l'image quantique, qui veut que le poisson (la particule) n'existe comme telle qu'au moment où on la "pêche". Or je me souviens m'être servi de cette image pour expliquer pendant des années que l'inconscient freudien participe de la même image nocturne.