24 avril 2019
Printemps
Printemps, il pleut, comme tu PLEUS bien printemps, ah tu sais si bien pleuvoir!
Et je ne le sais point, et je ne sais guère comment cela s'écrit, cela sans doute ne se dit point et cela ne s'écrit point. Cela se pense, frêle pensée, par toutes les voix mouillées, par tous les bois mouillés! Par le vert de l'herbe, de la feuille et de l'eau.
Forêts! Herbes amères! Comme vous pleurez bien!
Oh le vert de mes veines et de mon âme même. Cela du moins je sais l'écrire! Par tous les accents circonflexes...
Par la trace des pas dedans la terre glaise
Dedans l'instant, dedans tous ces temps gris
Ah la porte des temps, ce n'est qu'en japonais que je puis l'écrire: 時間
Tu me disais, belle coréenne, Printemps tu te nommais, tu me disais belle coréenne, printemps tu te nommais...
봄
Cela fait Bom. Ou à peu près. Tu parlais le japonais et me disais, ou à peu près, kono yaro, et je croyais, alors, que c'était un mot doux. Mais cela voulait dire, à présent je le sais, à présent je le crois, cela voulait dire, ou à peu près, "ce connard!". "Ce salaud", je suppose...
この野郎
Bom, dans mon coeur, bom dedans ton coeur,
Bom, bom, disent toutes les pommes
Qui presque jamais pourtant ne connaîtront le printemps
Presque jamais elles ne te connaîtront mais moi, Pom, je t'ai connue!
Au Printemps, que me disais-tu?
Je ne te comprenais guère!
Ton accent, probablement!
Tu me disais combien était splendide
Au printemps seulement
La vigne vierge que selon toi
Mais je ne te crois pas
Que selon toi
Mais je ne te crois guère
La Corée ignore
Que ce soit le printemps, l'été, l'automne
Sais-tu qu'à l'automne elle sera jaune, et rouge,
Rouge et or disaient les poètes de ma pauvre enfance
A Paris, il n'y avait alors que la pierre, le béton, et aussi un bout de ciel gris entre les toits gris que je contemplais de ma fenêtre. J'aimais surtout les cheminées coiffées de zinc et qui toujours s'interrogeaient, et rêvaient, en hiver du moins, à cause de la fumée, et du vent.
Je n'avais point de balcon, mais les bourgeois d'en face si.
Et que voyais-je sur ce balcon? Un chat noir et une belle femme brune, qui était coréenne, disait-on, et portait des maillots rayés comme tous les prisonniers!
L'on dit désormais des marinières, mais ce mot m'est étranger, contrairement peut-être à Friling.
Friling, nem tsu mayn troyer Frühling, nimm meine Trauer zu dir,
Un breng mayn libstn Und bringe meinen Liebsten
Maynt trayen tsurik Meinen Treuer zurück
Friling oyf dayne fligl bloye Frühling, auf deinen blauen Flügleln,
O, nem mayn harts mit O, nimm mein Herz mit
Un gib es op mayn glik. Und gib es meinem Glück
Une fois, une fois seulement, je t'ai touchée, enfin effleurée, tu descendais du bus, et je ne l'avais point fait exprès. Mais l'on ne savait guère alors ce qu'était la Corée! Et à présent, le sait-on? La Corée c'est toi, Printemps, la Corée, c'est toi, Pom!
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