la loi
Quoi de plus banal que de respecter la loi? Jusque dans leurs orbes folles les étoiles le font, et les cieux, et les eaux, et les terres. Hashamaim, hamaim, haaratsim! C'est ce que fait aussi mon verbe tyrannique, quand il vaticine bien haut, bien loin, parle en large et en travers des fleurs, des fruits, des branches et des dieux. C'est encore le voeu le plus pieux de mon coeur amoureux.
Je n'ai, il est vrai, pour aimer la loi besoin ni des dieux, ni des hommes, ni des fleurs, ni des fruits. Pas même de l'été, pas même du printemps! Il ne me faut qu'un peu de pluie. Et à dire la vérité un peu de colère. La vérité. Je suis pourtant moi aussi fils de la nature, je suis pourtant moi aussi fils de vanité. Toutes vanités et toutes simplicités, je les jette, ô Loi, à tes pieds, comme son épée un farouche guerrier amouraché d'une femme et de son sage secret.
Mais la loi a-t-elle des pieds? Et la femme un sage secret?
Quoi de plus banal que de mourir? Point besoin d'être un héros pour mourir, et tant d'hommes sont morts avant nous! A leur image, nous aussi mourrons à notre tour, et cette mort c'est à toi, ô Loi, que nous la dédierons. Ce n'est point tout à fait hypocrisie, c'est que d'autres hommes viendront après nous, encore et encore, et à vrai dire jusqu'à quand? A vrai dire.
Le monde ne périra pas pour autant, la folie régnera encore. Tu n'es, ô Loi, que l'humble et humide arc-en-ciel qui sourit, au-dessus de la pluie parisienne. Car je suis né à Paris, Paris est comme toi mon aveu, Paris est comme toi mon Arcadie, et j'avais beau mâchonné tous les mots de tous les exils, ô Ovide, j'étais moi aussi parisien.
Paris que la Seine comme à Bâle le Rhin germain traverse de part en part et divise. Paris est ma loi, Paris est mon exil! J'ai vécu longtemps, il est vrai, sous l'aile de l'aigle, le Rhin était plein d'étonnants cailloux, en forme de ton coeur, en forme de mon coeur. Ô Loi, comme nous nous aimions, si loin pourtant de Paris, si loin pourtant de mon Arcadie.