le récit entre symbole et réalité
Il arrive que le récit d'un souvenir soit à la fois, en apparence du moins, le plus exact qui soit et le plus riche de notations symboliques. Qu'en conclure? Que ces symboles étaient déjà là dans l'expérience vécue, dans le présent du présent dirait Augustin? Que nous n'avions pas su les voir? Ou bien qu'il y avait par hasard une rencontre merveilleuse entre cette expérience et notre propre intériorité, quelque chose comme ce moment poétique et symbolique que Valéry appelait, je crois, "sensation d'Univers"? A savoir la perception d’une harmonie d’ensemble, indéfinissable, entre les objets du monde et notre sensibilité générale. Mais contrairement à ce que veut Valéry, nous n'avions pas su la voir, nous la voyons maintenant dans le présent du passé, avec les yeux des mots, les yeux de l'écriture, les yeux du souvenir.
Il en est - curieusement - comme de nos rêves, qui ne sont symboliques que pour l'homme éveillé. Pour le rêveur ils ne disent qu'eux-mêmes, ou plutôt ils sont la réalité, rebelle au sens.