la grimace: de l'âme, du mal et de l'indifférence

L'âme japonaise... Tel cinéaste qui en reste au positif des faits parce qu'il dit ignorer tout de l'âme japonaise.

Mais n'ignore-t-on pas tout, aussi bien, de l'âme de son voisin... ou de la sienne propre? Les mystères délicieux et odieux de la psychanalyse, ou encore Dostoievski qui explique que notre âme est la scène de la lutte du bon Dieu et du Diable, Satan, le bien et le mal... Ah, l'âme russe... Pourquoi pas l'éternel féminin tant qu'on y est?

L'erreur est sans doute de croire en l'âme, en la singularité, là  où il n'y a en nous et en autrui que beaucoup d'indifférence, beaucoup de désordre, et bien sûr de monomanies et de monomaniaques...

J'oubliais l'imitation, la servilité avec laquelle on fait comme tout le monde, c'est-à-dire n'importe quoi,sans y croire du tout, par fatigue ou par grimace, par indifférence, cette haine du monde -  par exemple le libéralisme, le bougisme, le conservatisme. Musil voit des manifestants et constate que leur visage est vide juste avant qu'ils n'arborent leur grimace, leur colère réactionnaire ou bien révolutionnaire. De ce point de vue, peu importe, il est vrai.

Bien sûr, on peut distinguer:

1. autrui est le même que moi, mais dans une autre situation. Par exemple il veut comme moi survivre, mais pour survivre il doit feindre l'indifférence à la mort.

2. autrui se rapporte à une entité ou une valeur dont j'ignore en effet tout, mais que je peux me représenter par analogie. Par exemple le fou en conversation avec une entité qui n'est ni Dieu, ni lui-même ni un autre. Ou même Dieu pour le parfait athée. Il se rend compte que le croyant se rapporte à lui comme à un être humain et en même temps comme à quelque chose de mystérieux, plus mystérieux et vague qu'un être humain...