l'amour, c'est très con

 Ben sevdalı sen belalı

L'amour est bête, la petite fille louche de Descartes... Une image peinte, ou plutôt gravée, dedans quelques neurones, une feinte prise au sérieux, un "non" traduit par "oui", un "oui" qui voulait dire non, un plus tard synonyme de jamais. On l'aime parce qu'elle se refuse, et presque uniquement pour cela.

Mais les esprits animaux dans l'amour, pour parler comme La Bruyère ou La Rochefoucauld... Une sympathie que l'autre n'a pas vue, ou a refoulée, et nous sentons son amitié, sa ressemblance... Nous sentons au loin ce qui mûrit en elle, ou nous nous imaginons le sentir, car cela nous plaît. L'illusion.

Les remèdes imaginaires à l'amour chez Lucrèce, il faut s'y prendre très tôt. Nous aimons à tort, car nous sommes prisonniers de fantasmes, des atomes sans épaisseur, des représentations dont nous ne pouvons nous repaître et qui nous donnent pourtant faim. Mieux vaut pétrir les corps, mieux vaut le toucher, réaliste lui.

A quoi bon ces leçons, qui viennent toujours trop tard, puisque c'est irréparable, puisque nous pouvons très bien aimer quelqu'un pour sa laideur, pour sa méchanceté ,son indifférence. Peut-être des remords, un désir de réparer l'injustice, car la Nature nous a trop donné, déguisés en amour? Il y a beaucoup d'amitié, et d'amitié refusée dans l'amour vrai.

La femme méchante est selon nous pleine de malice et d'humour, la femme indifférente est intelligente, la femme laide est singulière: ce que dit Lucrèce du petit volcan, Lampadium, mot doux du latin, mot dur du latin...

L'amoureux, l'éraste, est un fâcheux, il veut changer notre existence, et nous y tenons, d'où les discours alambiqués du Phèdre.

Selon Proust, pas d'autre solution que la mort partielle du moi, ou la mort totale d'un moi partiel, et encore le transfert sur une autre mouture de la même femme fatale. Evidemment, pour un homosexuel les deux sexes de la Nature sont condamnés à ne jamais se rencontrer.

Enfin, merci d'avoir écrit "très con" et non "trop con"!