peur et angoisse
Tant de peurs absurdes, et que l'on appelle, par définition, angoisses. Il en est comme de la culpabilité, sentiment qui fonde la faute et n'en résulte pas toujours. J'ai peur de ceci ou de cela, parce que je me définis comme un animal fragile, menacé, parfois trompeur, toujours trompé. Ce n'est donc pas le désir qui explique la peur mais bien la prudence. Et l'angoisse? Eh bien, elle n'est que la peur en général, la peur sans objet encore, la peur redoublée par la peur de se tromper d'objet, ou de ne pas trouver ce qui l'instant d'après nous aura tué.
Pourquoi l'angoisse s'adresse-t-elle, sinon toujours à des personnes, du moins à de quasi-personnes, par exemple des spectres, des dieux, des démons? Elle semble supposer une intention cachée, jusque dans la maladie ou le tremblement de terre. Il en est comme du jeu, c'est un autre qui me surprend, qui couve sous des apparences tranquilles un piège qui mûrit là.
Nous devrions plutôt craindre le chaos, le désordre, la bêtise.