le pari de la morale à l'école
L'Education Civique et Morale constituait le pivot de la refondation de l'école voulue par Peillon à l'horizon de la rentrée 2015. Nous y sommes.
Il y avait là un pari redoutable, mais un pari magnifique à mon sens: passer d'une école victime passive, victime du relativisme moral, du cynisme et de l'injustice sociale ambiante, d'une école accusée d'être trop exigeante, insuffisamment en conformité avec le monde tel qu'il va (mal) à une école conquérante, au moins dans la rhétorique ministérielle.
Pourquoi l'école va-t-elle mal, et la société française? Sinon par manque d'un ordre interne, structurant, de préférence un ordre juste ?
Pari encore en ces temps de réaction, d'ordre moral, l'ECM n'est pas repli sur le conformisme religieux mais morale laïque, morale libre. Remarquons cependant que la ministre actuelle a préféré le sigle horrible d'ECM à l'expression de morale laïque, qui certes pourrait faire penser à quelque idéologie d'Etat. Seulement la laïcité n'est pas une idéologie qui aurait pour but elle-même et finalement la fermeture, c'est une invitation aux lumières, au jugement, c'est une ouverture.
Les enseignants ne sont plus hostiles aujourd'hui par principe à cette éducation, ils ne l'opposent pas tant aux savoirs qu'ils se plaignent de leur manque de formation. De fait, comment pourraient-ils inviter les enfants à philosopher alors qu'il n'y a plus guère de philosophie dans leur formation, en raison de l'idéologie de la compétence pédagogique comme outil, par exemple un marteau, une truelle, un ordinateur...