de la réminiscence
C'est une chose étrange - mais qu'est-ce qui ne l'est pas, étrange - que de se corriger, c'est comme si l'on comparait ce que l'on a dit avec ce qu'il aurait fallu dire, comme si par conséquent l'on savait déjà ce que l'on avait voulu dire, et comment le dire; pourtant, si on ne l'a pas dit exactement comme il aurait fallu, c'est bien sûr qu'on ne savait pas encore ce qu'il s'agissait de dire!
L'idéalisme philosophique est peut-être né deux fois, une fois avec Platon et l'idée qu'on sait déjà, une seconde fois avec les mathématiques et le calcul à la limite, à savoir que l'on tâtonne autour d'un objet produit par ce tâtonnement même. Nicolas de Cues, en bon allemand (et en bon cuistre français, je le cite), en a fait des tonnes sur le sujet de la sphère, du cercle, limite et négation à la fois du polygone. D'où l'aberration de l'anti-réalisme.
Et après tout, nier la réminiscence par le constructivisme, ce n'est pas si convaincant, car lorsqu'on se souvient, l'on tatônne bien autour d'une expérience déjà vécue, enregistrée dans quelque zone profonde de l'esprit. Ce qui a le mérite de nourrir les psychologues.
Le malheur veut, paraît-il, qu'il suffit de se souvenir d'un souvenir ainsi enfoui pour qu'il disparaisse à jamais. Ne demeure alors que le souvenir du souvenir, souvent fait de mots menteurs.