Folie et foi : poème
Je n'ai jamais rien cherché, toujours j'ai su le latin des choses, le mot inconnu des autres qui marie l'éclat du soleil et la pénombre de nos palpitants organes, cœur, reins, foie et toutes viscères!
J'étais en effet un très sage écolier qui connaissait toutes ses tables sans jamais avoir appris l'algèbre de ses tristes maîtres. Si tristes en effet!
Ce mot - ou bien était-ce hélas un nombre - que je connaissais par coeur, cœur et toutes humaines viscères, ce mot je ne sus jamais le prononcer, ni même l'écrire, tant il me faisait honte. Peut-être le chanter?
Ce mot étincelant comme un miracle, comme un crime, était aussi puant pourtant qu'un Dieu écartelé. O toutes promesses tues, O Prométhées si souvent crucifiés, que saviez-vous, que vous m'aviez tant de fois promis! Ce mot était tout aveu, et la plus claire de toutes mes pensées. Et la plus obscure de toutes mes pensées. Et encore la plus sombre de toutes mes humeurs! C'était le jour, et puis la nuit, un rêve éveillé et sot, qui ne signifie rien.
Eichendorff : en toute chose une chanson dort, Comme en rêve encore et encore Et le monde se met à chanter Puisses-tu son mot magique trouver
Schiller:
Ich errinere mich nicht mehr, welcher alte oder neue Philosoph die Bemerkung machte, dass das edlere in seiner Zerstoerung das abscheulichere sey...