Hommage à Apollinaire: Médée déconfinée
L'été déjà se meurt, l'été déjà est mort. Sans doute, trop belle Médée, l'as-tu empoisonné, o si belle Médée, colchique de nos prairies vénéneuses, tu es si jolie, avec tes yeux lilas!
Et ce chant dans mon cœur appelle le bonheur
J'aime aussi le chant lent et meuglant des clarines de notre Morvan, et cette herbe humide, où je reposerai très humble, comme jadis les os d'Ovide, et tous nos soldats morts, revenus du front une fois encore, o toutes les fièvres d'Espagne, vous auriez dû mieux entendre cet oracle funèbre, ce glas, que sonnait pour vous et pour Guillaume surtout la Dame de pique de nos antiques Tarots.
Les vaches si sages aux yeux calmes mais immenses méprisaient ton herbe, belle colchique empoisonnée, je n'ai su moi éviter tes lèvres, o Médée aux beaux yeux orangés, ainsi qu'un bleu présage, ni ton vénéneux corsage.
Tu portais alors un nom étrange, on te nommait Mageyfè, qui veut dire, je crois, o fée orientale et frisée aux cernes et paupières fardés, épidémie.
A l'orée du bois je t'ai rencontrée, mes cheveux et mes yeux clairs se sont mêlés aux tiens. Tu as accepté tous mes baisers. Je t'ai reconnue pourtant, Médée, belle fleur de la lointaine et pourpre Colchide, Mageyfè, Dame de pique, o mon trépas et ma naissance, j'étais le blond cavalier de l'automne, de la fin déjà de l'été.