méditations distendues sur la corde des stoïciens
Tendre la corde, et ce n'est pas, loin de là, la corde pour se pendre! Le jugement, comme la connaissance, est de volonté selon les Stoïciens : il faut vouloir bien juger, bien connaître, c'est-à-dire refuser l'illusion, la paresse, le préjugé.
Et pourtant dans le domaine de l'action, il faut souvent partir du résultat souhaité, le poser comme nécessaire, et pas seulement par hypothèse. C'est passion, c'est préjugé, et c'est pourtant également vouloir, vouloir ne pas se laisser diriger par les choses, mais par sa passion, sorte ici de gouverne, ou de gouvernail.
Il est vrai que parfois l'on ne peut plus ne plus vouloir, et c'est l'indice le plus net du caractère passionné, et illusoire, de ce prétendu vouloir.
Bref, savoir juger déjà ce qui dans mes représentations est de raison, ou bien d'illusion. L'on n'aime pourtant pas par raison, remarquait Descartes, et sans doute qu'un amour tout de raison serait assez mal reçu par l'aimé, qui veut plus de passion.
On se souviendra aussi des diatribes de Lucrèce contre l'amour, qui transforme la géante en déesse et la laideur en originalité. Lucrèce cependant oppose l'image, qui n'est qu'une ombre, et le regard, au toucher, qui se repaît de la chose même, sans inquiétude par conséquent. Il faut donc savoir toucher et ne pas se contenter de voir.