Du désir
La psychologie humaine est ainsi faite que l'on déteste recevoir, et non pas obtenir, ce que l'on désirait pourtant le plus au monde, croyait-on. Obtenir par soi-même l'autre aimé, à qui l'on se croyait tout dévoué, mais pas au point d'accepter ce don embarrassant de sa personne!
Freud fait intervenir là inconscient et trauma. Le fantasme est dans le passé, le présent ne saurait satisfaire ce désir enregistré on ne sait où.
Mais c'est aussi que ce qui devient gratuit perd instantanément toute valeur. Il y a de l'offre et de la demande en amour aussi, qui a ses lois, élastiques mais dures comme l'airain tout autant.
L'homme que l'on admire de loin est un caca quand il tombe amoureux de la belle mélancolique à la mauvaise image de soi.
Et puis, le rêve est fait de l'étoffe du désir, le réel est plus dur à avaler, le Superman vu de près n'est qu'un mâle comme les autres, se dit la petite fille réaliste et rêveuse à la fois, douillettement refermée sur ses rêves, sa petite vie, sa Gedankenlosigkeit.
Et si la petite fille est dure aux autres en raison de sa fermeture, il ne lui viendra même pas à l'idée qu'elle est capable de faire souffrir Superman. Elle s'en fout de toute façon. Ou bien elle s'en réjouit !