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écrits du sous-sol 地階から
30 janvier 2021

Article 1er de la Constitution de la Vème République

"La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances."

 

Que faut-il entendre par la formule "la République respecte toutes les croyances"?

D'abord, c'est la République, cela ne s'impose donc pas aux individus en tant que tels. Il s'agit simplement de reconnaître l'égalité entre toutes les croyances, d'une part, et d'autre part de reconnaître la liberté de croyance. La République n'a pas à s'en prendre à quelque croyance que ce soit, du moins en principe, car il faut encore que cette croyance n'entre pas en contradiction avec l'ordre public, qu'elle ne constitue pas un délit ni un crime, par exemple si je crois qu'il faut sacrifier à Dieu les mécréants!

Evidemment, il y a un contraste avec la loi de 1905, qui elle ne reconnaît aucun culte. Ici il ne s'agit pourtant pas de reconnaître une croyance en particulier, mais le droit et la liberté de croire ce qu'on veut, si bien que malgré les apparences, cela revient au même. Seulement, la formule de 1959 est plus diplomatique que celle de 1905, elle manifeste davantage encore de tact, en tout cas de Fraternité!

Malheureusement, elle emploie le terme de "religion", ce qui pourrait faire croire que désormais la République, indivisible et laïque (mais tout autant démocratique et sociale!) reconnaît la, ou des, religion.s. En réalité, Religion est au singulier, même si c'est corrigé par "distinction", donc un pluriel implicite. Bref, on reconnaît simplement le droit d'avoir une religion, quelle qu'elle soit.

"Pour toute religion crue par citoyen X, pour tout citoyen Y différent de X, X==Y"

C'est encore, plus historiquement que logiquement, que l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, employait l'expression suivante: "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public."

On préférera peut-être l'adjectif, ou encore "croyance religieuse", à Religion, car le substantif exclut en apparence la "croyance non religieuse" ou jugée "irreligieuse". Mais le mieux, c'est de dire "opinion, même religieuse", ou encore si on trouve que  "même" est une restriction insupportable,  "opinion, y compris religieuse". Bref, il faut éviter de donner l'impression qu'on accorde un privilège à la croyance religieuse, même la croyance religieuse en général. Et d'ailleurs, la République laïque ne définit pas, et surtout ne doit pas définir, ce qui est Religion et ce qui ne l'est pas.

Bien sûr, ne confondons tout de même pas laïcité et Cancel culture! Il ne s'agit pas de faire comme si  les Religions n'existaient pas!

On remarquera que la Religion, comme le texte de 1959 le dit assez malencontrueusement, ou plutôt bien sûr les Religions, ne se respectent pas mutuellement, c'est-à-dire qu'il serait absurde de demander à tous les Citoyens de respecter toutes les croyances, si du moins on entendait par là, peut-être pas adhérer à toutes les croyances, mais s'abstenir d'en nier aucune, voire d'en détester aucune.

Les religions monothéistes commencent par le rejet viscéral du paganisme, du culte des Idoles. Le christianisme, puis l'Islam, se veulent des critiques des monothéismes antérieurs, et on trouve dans le Coran des thèmes qui vont plus loin, et qui participent rétrospectivement non de la judéophobie, mais bien de l'antisémitisme caractérisé.

Enfin, le respect des croyances, s'il est davantage que la tolérance, ne se réduit pas à accorder une certaine reconnaissance tout de même aux Religions en tant que telles, si l'on veut à la liberté religieuse en tant que telle. Pourquoi? C'est que du point de vue de la République laïque, l'athéisme, par exemple, est une croyance égale en droit à la croyance positive en Dieu, ou en la vie après la mort. Y a-t-il une vie avant la mort, demandait Coluche, très chrétien malgré les apparences, si on y réfléchit.

Bref, l'athée, du point de vue de la Laïcité, croit que Dieu n'existe pas, et cette croyance est aussi respectable, ni plus ni moins, que la croyance inverse. Ce n'est pas une croyance, dira-t-on, mais le contraire, de l'incroyance! Mais logiquement, "je ne crois pas que Dieu existe" n'est pas équivalent à "je crois que Dieu n'existe pas". Dans le premier cas, on s'abstient de toute assertion, l'on est agnostique.

Il va sans dire que l'agnosticisme est pourtant tout aussi respectable, malgré la lettre, que l'athéisme positif, ou plutô négatif!    

 

Et maintenant, que veut donc dire que la France est une République sociale? 

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Article 1er de la Constitution de la Vème République : "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances." Il s’agit là d’un lointain rappel dont il reste à établir la cohérence normative par rapport à la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Cerner la problématique dont il est fait état souffre d’un premier inconvénient relatif à la référence à la Ve République qui n’est après tout qu’un régime dont seule la légitimité du souverain doit être la sentence. La norme est une chose, la pratique en est une autre.<br /> <br /> Nous entrons ensuite dans le sempiternel débat formulé de la manière suivante : « Que faut-il entendre par la formule "la République respecte toutes les croyances"?<br /> <br /> Le premier inconvénient dans le raisonnement consiste à raisonner en termes de croyances ; soit une forme de focalisation au-delà des libertés publiques d’une valeur transcendantale supérieure. Faut-il donc se focaliser sur le problème des croyances alors même qu’une grande majorité des Français se considère d’origine catholique mais non pratiquant. Le problème est donc posé. Certes il est question du catholicisme mais aussi de la place du judaïsme et de la religion musulmane.<br /> <br /> Le second inconvénient réside dans la référence à la république qui n’est après tout qu’un simple régime politique, reflet des fantasmes de la bourgeoisie du siècle des lumières avec pas mal de sang sur les mains dont le génocide vendéen, le colonialisme est une vision du capitalisme à géométrie variable en fonction de la période concernée.<br /> <br /> La référence à la contradiction entre la croyance et la légalité est un faux problème car l’arsenal judiciaire va bien au-delà de ce genre de considération entre deux considérations qui sont d’un côté la loi Fabius Gayssot et la répression de l’apologie du terrorisme ou du terrorisme en lui-même. Ainsi, faut-il être clair en matière de langage. Pour schématiser, l’expression d’une idée n’équivaut pas au passage à l’acte a maxima mais surtout de l’expression d’une foi dont il reste à déterminer les contours et le caractère acceptable ou non. C’est à juste titre que vous faites référence à l’ordre public. Il y a donc ici une forme de consensus garant d’une paix civile et d’une forme d’ordonnancement.<br /> <br /> La référence aux principes de la Ve République par rapport à la loi de 1905 est d’une particulière pertinence en revanche la subtilité de la notion de religion apparaît comme un handicap dans le raisonnement à moins de remettre les choses dans leur contexte. On trouvera d’ailleurs au passage des aberrations mentales comme celle d’une république « une et indivisible », ce qui ne veut strictement rien dire sinon une politesse de langage qui correspondait à un moment donné à une nécessité de consensus sur le plan constitutionnel à une époque donnée donc en l’occurrence.<br /> <br /> Nous en arrivons donc au concept de « religion » qui peut paraître une frustration par rapport à l’athéisme. À ce titre, Robespierre avait eu l’intelligence contrairement à Danton de comprendre ce qu’était la spiritualité en créant de toutes pièces « l’être suprême » qui était finalement que le grand architecte de l’univers des francs-maçons. Il faut savoir à ce titre qu’au-delà de cette logique artificielle mais intéressante, il y avait opposition entre le clergé de l’ancien régime et le clergé constitutionnel très largement rejeté par le peuple ; que cela plaise ou non.<br /> <br /> J’avoue que le terme « religion » au singulier n’avait pas appelé de ma part une attention particulière. Il ne faut pas à ce titre faire d’anachronisme non seulement par rapport aux principes de la révolution française mais également de la logique de la Ve République qui n’envisageait pas le phénomène musulman tout en sachant qu’un certain nombre de citoyens était de confession israélite mais de manière marginale.<br /> <br /> Toute référence à une différenciation entre la religion et les croyances religieuses m’apparaissent si vous me le permettez de l’onanisme. Sinon, il faut parler de dogme et distinguer Bossuet et Fénelon et au-delà remonter dans le temps entre les ultramontains et les tenants de Port-Royal. Plus subtilement, au sein de l’église catholique, les considérations théologiques font en sorte que l’on peut discourir à foison entre l’intérêt de Teilhard de Chardin et la théologie de la libération outre à l’opposé Mgr Lefebvre ou plutôt ses successeurs.<br /> <br /> Ce qui est extrêmement gênant dans la logique de 1789, c’est la notion de trouble à l’ordre public mais cela a déjà fait l’objet d’un précédent paragraphe.<br /> <br /> Il est encore plus gênant de mettre en parallèle la notion de « croyances religieuses » avec les dogmes et donc l’infaillibilité pontificale. De multiples encycliques sont évidemment déroutantes et relève purement et simplement de la politique et non de la théologie. J’en veux pour preuve l’acceptation par l’église catholique de la république française pour des raisons diplomatiques ; ce qui signifie que tout est finalement politique et non théologique. Ce constat est infiniment dérangeant.<br /> <br /> Vient ensuite la notion de privilège au sein d’un État laïc et il ne faut pas oublier que la France était la fille aînée de l’église. De concessions en concessions, la religion devient politique et donc concession en dehors donc du dogme qui est la vision un moment donné de la religion catholique et par voie de conséquence le constat de l’infaillibilité pontificale. Au nom d’une foi ancestrale, établie, pluri centenaires, les fidèles doivent faire le grand écart et c’est le cas par exemple de la condamnation en 1926 de l’Action française. Donc, tout est politique et diplomatique.<br /> <br /> L’appréciation sur le texte de 1959 doigts être remise dans son contexte sauf cultiver l’anachronisme et la montée de l’islam qui n’est après tout qu’un constat sociologique Carla et finalement le problème et toute circonvolution apparaît vaine.<br /> <br /> Voici venu le temps du paganisme et de ce qui apparaît une erreur fondamentale car on ne voit pas très bien l’articulation intellectuelle avec un quelconque monothéisme à distance hormis peut-être une forme d’écologisme et une référence à la nouvelle droite. On se demande dans ce contexte ce que vienne faire la Judéophobie, l’antisémitisme et pourquoi pas le sionisme pendant qu’on y est.<br /> <br /> Indépendamment de considération liée à la différenciation entre l’athéisme et l’agnosticisme, il ne peut être fait abstraction de la spiritualité et du fétichisme bourgeois d’une abstention de toute valeur morale, ce qui ramène à un phénomène politique qui remonte probablement à mai 68 mais le raisonnement est vraiment sujet à critique, je le reconnais. L’ennemi est avant tout le libertaire, le libéral, celui qui nie toute valeur, toute transcendance au profit de sa propre jouissance. J’ai toujours été et je reste un ennemi acharné de cette engeance élitiste que je qualifierais peut-être un peu trop rapidement de gauche caviar. Il faut détruire méthodiquement ces termites de la société pour finalement les réduire à néant, ce dont ils sont le symbole.<br /> <br /> Tout est politique et en cela, je m’inscris dans une logique marxiste, au nom d’une certaine dialectique mais en la fourvoyant à dessein. L’athéisme n’existe pas. Il est une forme de barbarie qui méprise la métaphysique et je retiens du grand mathématicien Poincaré la logique selon laquelle le positivisme comtien que l’on pourra considérer comme une forme de scientisme est une nouvelle modalité de la métaphysique.<br /> <br /> Faute de métaphysique, la philosophie de sert à rien et ne sait que tristesse et désespoir au nom de la négation de ce qui constitue en elle-même la science et donc l’avenir de l’homme et l’interrogation sur son origine.<br /> <br /> Pour parfaire le propos et en définitive m’instaurer dans une forme de provocation, tout état doit être théologique comme cela été le cas sous l’ancien régime. Charles Maurras qui était agnostique l’avait bien compris. C’est au travers de la morale que l’homme se fédère tout en sachant que la France est profondément empreinte de son identité catholique qui est par nature aux antipodes du matérialisme, de l’athéisme stérile et de l’esprit de jouissance libertaire.<br /> <br /> J’ai bien l’impression en conclusion que j’ai encore une fois aggravé mon cas de celui qui tente de concilier la logique marxiste et la théocratie. Décidément, je suis irrécupérable et j’assume.
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R
Je ne manquerai pas de répondre sous réserve que je me souvienne du pseudonyme et de l'identifiant. Le débat est en effet intéressant. Au besoin, il vous est loisible de me rappeler le propos par courriel.
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écrits du sous-sol 地階から
  • Confiné dans mon sous-sol depuis mai 2014, j'ai une pensée pour tous les novices du confinement! Mais comme j'ai dit souvent, tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre...
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