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écrits du sous-sol 地階から
19 février 2020

Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien.

Je sais une chose: je sais que je ne sais rien. 

 ἕν οἶδα ὅτι οὐδὲν οἶδα

Je sais UN : que je sais AUC-UN

Ou encore: je ne sais rien. Néant, vide, désolation. Rien. Pas une chose! Auc-un. Ou hen.

Mais cette ignorance est en soi une certitude, non une opinion. Je sais le rien de l'opinion, son néant!

L'on met alors ce zéro entre parenthèses, celles du savoir réfléchi.

Je sais: "mes opinions = zéro savoir".

Je ne fais pas que croire, je sais. Et comment le sais-je? Cela ne suppose-t-il pas une floraison de savoirs multiples et mutiques? Le sais-je vraiment, alors? Mais le rien n'est-il pas premier, et de droit une non-réalité toujours à disposition? Quel adjectif correspond à zéro comme premier à un?

Je sais que je ne sais rien. D'une certaine manière, je sais, je sais rien (et non pas je ne sais rien): en ce sens que je ne crois rien, que je n'ai plus aucune croyance. Demeure seul, le savoir, enfin un savoir, le plus humble. MAis j'ai décidément UN savoir. L'on est passé du rien, du auc-un, au un.

C'est comparable à la définition, ou plutôt la genèse, du 1 en théorie des ensemble. L'ensemble vide, Zéro, est bien UN ensemble. C'est tout autant le premier ensemble, comme zéro est le premier nombre, la première marque, celle qui dénote rien, ou le rien. Mais cette marque est quelque chose, un chiffre, et même le nombre 0 n'est pas rien en lui-même. Entre le chiffre et le néant, se situe le nombre, le quantum, à savoir 0.

"Sais zéro chose", dit en somme Socrate. Savoir: zéro chose. Donc, UN savoir, précisément ce savoir zéro.

C'est bien sûr analogue encore au Cogito, d'Augustin à Descartes. Je ne sais rien, mais avec certitude. Il est certain que je ne sais rien, il est certain du moins que je puis douter de tout savoir, et de tout. Je le peux! Mais je n'en ai pas le droit, le pouvoir psychologique se métamorphose en impossibilité logique, il s'auto-réfute et passe de zéro à un, en tout cas à quelque chose.

Douter n'est pas savoir, même pas savoir encore que l'on ne sait pas. Oui, mais ce doute est certain, il y a UN contenu, ici tout psychologique, et qu'on ne trouve pas chez Socrate. Chez lui, l'accent n'est pas mis sur l'ego, absent de toute façon de la formule grecque.

 On peut y lire l'influence de la langue. En tout cas, il serait stupide de dire des Grecs qu'ils ignoraient le narcissisme, ils ont créé Narcisse! Mais pas le sujet philosophique, le Cogito. Sauf dit-on Épicure, avec la prolepsis, aperception subjective de la vérité. On pensera encore au subjectivisme des Sophistes, δοκεῖ μοι: "il me semble", l'opinion, n'est-ce ce pas tout l'être? L'être n'apparaît que dans l'apparence, il m'apparaît par conséquent, je l'enveloppe ou du moins je crois l'envelopper en moi.

Mais précisément, remarque à juste titre Platon, l'être de l'opinion est fluent, il glisse comme l'anguille, car l'opinion, tenaille instable et mal conformée à l'être lui-même, fait naître, comme autant de reflets de reflets, toute une floraison de paradoxes. Le mauvais infini.

Sartre: le Cogito est le néant de toute chose, et est pourtant quelque chose. 0=1

Sans doute vaudrait-il mieux écrire 0--->1

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Commentaires
écrits du sous-sol 地階から
  • Confiné dans mon sous-sol depuis mai 2014, j'ai une pensée pour tous les novices du confinement! Mais comme j'ai dit souvent, tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre...
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