Rousseau: conscience, instinct divin
Rousseau: la Raison tend toujours à la mécanique, au calcul, au calcul égoïste, si l'on oublie que la Raison est d'abord conscience, sentiment d'exister, je perçois le monde, je suis. Et ce sentiment muet, antérieur à tout calcul, est tout autant présence de Dieu. Conscience, instinct divin.
La Conscience ainsi sacralisée n'est ni la Raison calculatrice ni l'amour-propre. Elle est instinct, et donc amour de soi, sentiment de notre authentique vocation au sein du cosmos. C'est stoïcisme, mais un stoïcisme amputé du calcul logique.
D'où la position délicate de Rousseau à l'égard de la Religion dans la Cité. D'une part, le chrétien est par essence indifférent aux choses de la Cité, d'autre part l'athée est forcément méchant, faute d'accepter de ressentir et la présence de Dieu et l'immortalité de son âme. De fait, le Citoyen tend à n'être que la partie d'un Tout, qui est le Peuple. C'est par la Religion, à la fois libre et obligatoire, qu'il est davantage qu'un citoyen, c'est-à-dire qu'il est vraiment un citoyen, libre et doté de conscience, par conséquent de jugement. Car il doit faire, au sens propre, la loi!
Nous ne sommes pas si loin de l'esprit des Etats-Unis.
Quoi de plus étranger, comme aussi Platon à sa façon, à la kabbale, pour qui Dieu est d'abord une absence, l'esprit enfui d'un texte désormais illisible et plein de contresens, mais qu'il nous faut pourtant lire et relire... Aussi bien la tradition que le sens intrinsèque et magique, poétique, d'un cosmos ruiné. Nostalgie et responsabilité de l'homme seul, désolé même... Il lui reste l'épouse, il est vrai!