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écrits du sous-sol 地階から
3 décembre 2020

différence du métaphysique et de l'ontologique. Nouvelle version

Pour moi, et seulement pour ma recherche propre, est méta-physique ce qui dans un discours méthodique peut, par un supplément philosophique, être rapporté de façon justifiée à la réalité en soi, et non aux seuls phénomènes, ni au seul formalisme de ce discours indépendamment du contenu. 

Par exemple, constater que d'une part deux particules sont liées, que d'autre part cette "information" semble se propager plus vite que ne le permet l'espace-temps nous conduit à relativiser la réduction de notre connaissance aux seules phénomènes, selon le temps et l'espace. Que la logique dépend davantage des contenus que le veut l'apriorisme nous conduit à un certain holisme philosophique: la science est bien en débat avec la réalité, et non avec de simples formes et expressions humaines, seulement humaines.    

Est ontologique, au contraire, et indissolublement, ce qui manifeste la résistance de la réalité à l'arraisonnement, en épistémologie il s'agit de résistance de l'expérience ou des résultats de nos calculs au discours méthodique. On peut cependant essayer de généraliser à tout type unilatéral de discours, comme par exemple le discours juridique. L'infini exprime souvent cette résistance de l'être, ou de l'être-s, au calcul. Disons la résistance ontologique du Ça, un Ça non freudien bien sûr.

Je pense ici aux antinomies kantiennes, ou encore à la dialectique kantienne, et de manière plus générale aux paradoxes, qui expriment surtout l'inadaptation de nos catégories à la réalité. Bergson a tout dit sur ce point. Néanmoins, le paradoxe est un seuil, il indique où le bât blesse, en quel point nos conceptions doivent progresser, nos nombres et catégories se surpasser. Si à la fois il doit y avoir un nombre et pas un nombre, un ensemble et pas un ensemble, c'est que précisément la catégorie du nombre, ou celle de l'ensemble, sont insuffisantes, ce sont elles qui engendrent ces paradoxes, qui sont donc rien moins que des acrobaties philosophiques ou rhétoriques. Cette résistance vient au contraire dénoncer quelque acrobatie, ou maladresse, du discours, méthodique ou sophistique.Tout cela revient à réclamer une réforme de ce discours, non son abolition sur un mode mystique.

Méta-physique s'oppose donc aussi à formalisme a-priorique, et bien sûr à positiviste. En revanche la méta-physique prolonge et réfléchit la physique, voire révèle du physique dans les sciences formelles que sont logique, mathématique et sans doute langage ordinaire.

Je vois dans les recits de Kafka la défaite de la vie et de l'existence, aux prises avec la loi religieuse et le délire psychotique de l'administration. Cette défaite est tout autant victoire, révélation de l'absurdité du pouvoir absolu de la loi et du sophisme administratif. Bref, l'on fait l'amour sur le territoire même de la loi castratrice!

Le droit, fait de chausses-trappes conceptuels, est l'image même de ce drame de l'arraisonnement par une raison qui a oublié sa propre signification, sa propre limitation. Je parle en somme ici du mauvais procès. Ainsi, le négationniste est, comme le paranoïaque, procédurier. Il entend nier la réalité en dénonçant les fautes de langage ou de méthode de l'historien. Napoléon est un mythe, puisque chaque témoin en présente une version différente. La réalité n'a pour elle aucun titre recevable, elle ne colle pas parfaitement aux catégories du droit, donc elle est déboutée: la réalité n'existe pas!

Le juriste malin s'ingénie tout autant à faire rentrer de force, à l'inverse, dans ses catégories chatoyantes la réalité d'un cas, d'où les paradoxes du droit, expression de l'ontologique, de la résistance de la réalité du cas à la logique juridique, pourtant multiface, véritable Janus. C'est la résistance du réel aux catégories juridiques mal taillées qui donne prétexte à la multiplication foisonnante de ces mêmes catégories, des interprétations, des analogies, véritable bricolage juridique dont abusent en particulier les "bons", c'est-à-dire les mauvais, avocats. On peut aussi penser à la réforme universelle de nos retraites! Les exceptions s'accumulent au nom de l'universel même...

Ou encore le juriste s'enferme dans la logique du Droit, il suit les enchaînements propres au Droit, passe ainsi d'article en article, de règle en règle, d'exception en exception, mais pour noyer le poisson de la réalité du cas, de sa logique propre, liée à une situation concrète. 

Dans le Procès de Kafka, K. fait remarquer au policier que le mot "ovalaire" n'existe pas. Le policier note alors que K. prétend lui interdire de noter ce qu'il a constaté, à savoir un dessin suspect, "ovalaire", sur le plancher de sa chambre. Il "oublie", comme dans un mauvais rêve ou une plaisanterie, le motif de la prétention de K. à le censurer, et le constitue en rebellion contre l'autorité, ou désir de se soustraire au droit.

Tout se passe comme si le Droit était posé à plat, comme un ensemble d'articles, de règles, et même d'exceptions, valant en soi, et non pas d'outils pour traiter au plus près de la diversité des cas. Il devient alors ce labyrinthe qui mène infailliblement à la condamnation de l'innocent. Innocent de quoi?

    

Supposons à présent en guise de réalité l'entreprise de spolier quelqu'un en abusant du droit, malgré la volonté du spolié à faire valoir son bon droit, à ester en justice.

L'avocat de mauvaise foi va, sur un mode dilatoire et comique, transfigurer cette réalité en abusant du Droit et de ses procédés. C'est comme transcrire un gros mensonge à l'aide de formules toutes faites, véritables pièces d'un puzzle, ou plutôt d'une mosaïque foutraque. Le but est bien sûr de rendre méconnaissable la réalité même qu'on interprète. Cette pratique dilatoire révèle pourtant à sa manière qu'il y a justement volonté de spolier, de nier le droit du plaignant.

Néanmoins, les ressources du Droit se mettent bien au service de l'injustice, de la spoliation. Du Picasso juridique, en somme.

Il arrive par exemple ceci: on se joue du temps, par des pratiques dilatoires, et on en fait abstraction, projetant tout sur une construction intemporelle et fausse. Tu as riposté, donc tu as été violent, donc c'est toi le méchant, le procédurier! N'était-il pas normal que mon client prenne les devants? Il s'est en somme prémuni en spoliant, vengé de sa victime agressive en la spoliant par avance. 

Il y a du rapport avec la paranoïa et ses différentes projections. 

Certes, du point de vue du bon sens, la partie adverse a bien porté plainte, mais du point de vue juridique (je veux dire du point de vue non du Droit, mais du Gauche) ce n'est pas exactement la plainte qu'il faut, car entre temps la jurisprudence a changé, après par conséquent la plainte. Par conséquent, la partie adverse n'a pas réagi en temps et en heure, puisqu'elle n'a pas tenu compte du changement (ultérieur à sa plainte) du droit, donc elle ne s'est pas plainte selon les formes, donc au point de vue de la pseudo-rigueur de la forme, de la procédure, elle ne s'est pas plainte du tout, donc elle est d'accord avec nous et elle n'est pas adverse du tout, elle doit donc être condamnée aux dépens!

On noie dans le discours juridique, et dans la procédure, le poisson de la réalité. On fait taire l'infans..  Le naïf juridique.

D'où peut-être Kafka, et le Procès. Le langage devient paradoxalement l'expression, ou plutôt la déformation, la projection toute verbale et délirante, de son ennemi, l'ontologique qui lui résiste. Il se divinise sur un mode cauchemardesque: aliénation.

Les différences réelles deviennent autant d'instances, de murs, d'articles de droit, de moments de l'assassinat du réel. Ce n'est pas la bonne procédure, car tu n'es pas héritier, tu es légataire! Elles se voient posées, ces différences, sur un seul et même plan, celui du code et de la procédure. La forme juridique devient une réalité, la réalité une forme, un simple mot sans valeur.

C'est comme un mode d'emploi dans certains cauchemars, un mode d'emploi inemployable, qui dit tout ce qu'on veut qu'il dise, et rien de ce qu'il serait sensé de dire. Le souci de précision se transforme dans son contraire, une réalité fantastique et docile qui dépend en fin de compte du revenu du plaignant, en tout cas de la rhétorique de son avocat, ou de celle du juge.

C'est au fond peut-être analogue à la tentative de mesurer l'infini avec des nombres finis. Tous les résultats sont justes, tous les résultats sont faux, parce que la catégorie n'est pas à la mesure de ce qu'elle mesure. Ou encore la procédure est sans rapport, sinon dilatoire, avec le principe pourant affirmé en préambule, par exemple que le droit de propriété est un droit universel.

Par conséquent, le principe n'est plus jamais appliqué, ou son application passe par un temps de procédure infini, mais il y a prescription avant qu'on parvienne à cet infini, bien entendu, ou encore les plaignants sont morts, ou découragés...

Certes, je ne t'ai pas donné ton bien qui te revient, mais tu l'as demandé d'une façon indigne, contraire à mon bon droit, à ma réputation, il n'y avait pas encore de tort. A présent, oui, il y a un tort, mais c'est trop tard, il y a prescription!  

Dans l'interprétation tordue, gauche, du Droit, tout est rétroactif, car la jurisprudence est censée exprimer la loi même quand elle la renverse, d'autre part les principes deviennent peu à peu des exceptions, d'inadmissibles exceptions, et ce sont les exceptions qui mènent la danse. En somme le Droit est paralysé par sa propre mécanique et l'injustice mène le bal. Que viennent donc réclamer ces plaignants? Leur droit? Mais ils ignorent tout du droit. Il ne suffit pas d'avoir raison, il faudrait avoir raison selon les habitudes du juge, et précisément cette jurisprudence est faite pour casser en deux le droit du faible, et le faible lui-même. 

 C'est la cave obscure dont parle, non Platon, mais Descartes: c'est là que  nous entraîne pour triompher l'esprit tordu, scolastique. Le Droit est donc le Tors, ce que j'ai appelé pour rire le Gauche.

Bien sûr, les distinctions que fait le Droit sont légitimes quand elles permettent de mieux comprendre et juger une situation particulière. Mais trop.souvent elles permettent à l'in-justice (le tors, le gauche) d'entraver cette intellection, en mettant au premier plan le caractère inextricable des arguments multiples, si bien que la réalité de la situation se noie dans les mots, les détails sans signification mais montés en épingle, et les constructions incompatibles entre elles. Le maquis juridique.

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  • Confiné dans mon sous-sol depuis mai 2014, j'ai une pensée pour tous les novices du confinement! Mais comme j'ai dit souvent, tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre...
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