Assurancetourix
Le peuple trouva la langue comme le poète le mot
Et lui donna un sens nouveau
Nul ne songeait alors à suivre le chemin
Dont plus tard parlèrent les livres
Ce n'était pas, en effet, un temps comme ceux d'aujourd'hui
La nature plus féconde n'avait pas eu le temps de vieillir
Et les poètes ignorants des cheveux gris
Ne savaient chanter que la guerre et puis l'amour
L'homme, la femme et puis l'enfant
Les cieux, les terres et la plaine salée du vaste océan
Tout était à sa façon peuplé
Et d'abord de mots et puis de dieux
Ah le caillou joli du verbe
Ah la belle aventure!
Comme elle tue la fronde qui le lance
En plein milieu du front de la brute
Au grand festin de la tribu, le poète alors était convié
Car son verbe étonnant et barbare
Sonnait pourtant du même métal
Que la parole profane.
Les rêves du poète
Innombrables comme les enfants des dieux
Le menaient chaque nuit
Sur le pont magique
Qui tenait alors le ciel à la terre
Et les hommes de la tribu à leurs dieux impatients.