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écrits du sous-sol 地階から
10 août 2018

Crimes et délits selon Woody Allen

Dans un film de Woody Allen, le professeur Lévy s'étonne, Dieu commanda à l'homme la loi morale, et pourtant cela commença par ce qu'il y a de plus immoral, le commandement de tuer son fils, le sacrifice humain.

D'une part, Dieu se situe d'emblée au-delà de la morale, c'est la morale qu'il faut lui sacrifier. D'autre part il s'engage pour la morale, on ne lui sacrifiera plus jamais son fils. Il sanctifie ainsi la morale humaine, tout en se maintenant au-dessus d'elle.

La religion ne sera jamais un très bon fondement pour la morale, car son fond est immoral.

Le même professeur de philosophie souligne un autre paradoxe, celui de l'amour. L'amour n'a d'autre réalité que l'enfance, le rapport à nos parents. Et pourtant nous demandons à l'aimé de mieux nous aimer que nos parents, en somme de réparer et de nous libérer d'eux. Il conclut, l'amour c'est à la fois l'enfance et ce qui nous délie de cette enfance.

Lévy se révèle ici comme une parodie de Freud, ou plutôt une philosophication de ce qui chez Freud se veut science. La réponse freudienne, catégorique, se fait paradoxe, question, ambivalence.

Ce n'est pas forcément une régression. Mais toujours est-il que l'amour est censé justement réparer les blessures de l'enfance, le désamour que nous avons connu à différents degrés, et que cependant l'amour de nos parents, ou pour nos parents, est la condition de tout amour, en tout cas de toute tendresse, et même de toute passion.

L'on s'étonne de tomber facilement amoureux, et de n'importe qui. Mais nos parents sont en somme n'importe qui, et nous aussi, par conséquent. Le tout, c'est qu'il y ait quelqu'un, et que nous soyons quelqu'un. Un Mensch dit Woody, singeant le Yiddisch.

On trouve toujours des élèves, quand on enseigne à vivre, il suffit de trouver le ton, et peut-être d'avoir un petit accent ridicule, et germanique, comme Lévy dans le film. Mais le professeur de vie se suicide. Pourquoi, selon lui c'est la véritable question, acceptons-nous de vivre? Enfant, j'étais frappé par la difficulté que j'éprouvais à me blesser, à me faire souffrir, alors que la douleur était ma compagne habituelle, presque mon amie, une seconde mère.

J'avais rencontré dans toute son absurdité et son intransigeance l'instinct de conservation, cette mécanique. Il y a une séduction du néant, on le sait, mais dans la réalité le néant n'a rien de très séduisant: dans le film la maîtresse assassinée a simplement les yeux grand ouverts, et il sont ouverts sur rien, car elle n'est plus rien du tout.

Tout cela n'est pas très drôle, même s'il y a encore dans le film une réflexion, d'ailleurs moquée, sur le comique et le tragique.  

 

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Commentaires
R
Pour compléter mon propos mais c'est en rapport avec l'ancien testament et donc une forme de sauvagerie déifiée, j'ai été tenté par le Marcionisme mais je m'en suis détaché car l'universalité néo testamentaire au détriment du tribal vétéro testamentaire, c'est encore pire. Le jour où nous serons des spartiates selon l'idée fausse que je me fais, nous cesserons de geindre et d'adorer ce fameux "amour" de gondolier de Venise. Rayons de notre logique ce mot infâme et remplaçons le par coït ou trop plein.
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R
Votre propos est très abordable et j'y souscris pleinement. Les moyens techniques pour dialoguer sont amoindris depuis environ un mois.<br /> <br /> Pour ma part et dans un autre registre, je m'intéresse à nouveau à la baisse tendancielle du taux de profit de Marx et ses incidences à l'heure actuelle, dans ses déclinaisons. Quant à l'instinct de préservation, c'est bien entendu une morale d'esclave ou plutôt de petit bourgeois. Séduction du néant ? Quelle tentation ! Orage d'acier de Jünger ? Ce qui est humain nous indiffère. Il y a quelque chose de vulgaire dans l'humanisme. C'est un peu veule et donne bonne conscience .La pire des choses est d'avoir consenti à reconnaître l'erreur monumentale qu'est ce concept de l'amour sous toutes ses déclinaisons. C'est une faiblesse qui me navre à chaque instant. L'Homme cherche sa raison de vivre au travers de ce concept et je trouve cela d'une naïveté incroyable. Est-ce cela l'instinct de vie ? Quémander ? Cultiver ses fariboles auto immunes ? Soyons honnêtes. Pourquoi ne pas assumer la réalité ? Assumons la loi d'airain une bonne fois pour toute. Je ne comprends même pas comment on peut encore conférer sur le concept d'amour. Cela dépasse l'entendement.
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écrits du sous-sol 地階から
  • Confiné dans mon sous-sol depuis mai 2014, j'ai une pensée pour tous les novices du confinement! Mais comme j'ai dit souvent, tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre...
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