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écrits du sous-sol 地階から
14 juin 2018

du supplément de toute jouissance

Le je ne sais quoi, le presque rien, l'objet a lacanien, l'amour, la reconnaissance. l'Un plotinien. l'Etre des étants.

L'idée, ou plutôt le désir, ou la demande, d'un supplément impondérable, et qui est l'essentiel, mais est insaisissable.

Ce supplément vient irriser le donné, en estomper les angles. C'est l'idéal des poètes, des stylistes, des amoureux.

Hélas, tout dégénère quand on tente d'arraisonner cet impondérable, quand de supplément, de luxe, il se fait objet de nos passions rageuses, d'autant plus rageuses que par nature l'ombre n'est pas une proie!

Épicure et sa critique de l'amour, de la passion qui s'attache à des simulacres qui jamais ne nous nourriront; ils alimenteront au contraire le feu de notre faim, de notre soif.

Ce qu'il faut comprendre: ce n'est pas là une pose de l'amateur de supplément d'âme, qui veut du mystère et du sentiment. C'est une passion, une rage, et aussi une abominable déception, toujours recommencée. Mme Bovary.

Lacan y lit une structuration profonde de l'inconscient : le désir n'ayant pas d'objet, rien ne saurait être à la hauteur de ce dévorant néant ! Rien n'égale, sinon la mort, ce point absolu et brûlant, le rien devenu objet... Objet a, lire petit a!!

Ce qui dans l'amour n'est pas charnel, ni amical, mais vise le sublime. L'amour courtois. Le métaphysique de l'amour. Lévinas.

La Rochefoucauld:

 

- Il est du véritable amour comme de l’apparition des esprits tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu

- Il est difficile de définir l’amour. Ce qu’on en peut dire est que dans l’âme c’est une passion de régner, dans les esprits c’est une sympathie, et dans le corps ce n’est qu’une envie cachée et délicate de posséder ce que l’on aime après beaucoup de mystères.

- S’il y a un amour pur et exempt du mélange de nos autres passions, c’est celui qui est caché au fond du cœur, et que nous ignorons nous-mêmes.

Ce qui n'est ni esprits animaux, ni désir, mais le mystère et le brouillard de l'amour, l'insatisfaction de tout amour, qui est l'amour lui-même, qui n'a pas de lui-même. Il parle aussi du désir de régner dans les coeurs, ou le coeur. On veut être préféré, élu, mais par tout le monde et par personne peut-être. Ce que la plus belle fille du monde ne peut donner, d'où l'invention de Dieu, pourrait-on supposer.

La ruse de la nature: envelopper le besoin de l'espèce de brouillards qui deviennent l'essentiel. L'amour est cette perversion, et par là  il existe indépendamment de la nécessité naturelle, mais aussi de la personne aimée.

L'amour est en soi insatisfaction (dénuement, pauvreté, faute de savoir ce que l'on aime, et si on est aimé pour soi): c'est davantage (!) un dt, un différentiel fluent, qu'un aleph, un infini en acte, un tout au-delà des étants. Je ne sais pas si Lacan était très fort en calcul différentiel, mais Plotin l'aurait été, c'est certain.

Pascal, à propos de mathématicien : m'aime-t-on, moi? Ou bien une foule ? Mon corps? Et si je suis défiguré, estropié ? Mon âme ? Et si je deviens sénile, ou fou? Où est cet objet qu'on aime en moi? Et quel rapport a-t-il avec moi?

Je n'aime pas celui que j'aime, mais l'objet a. Par conséquent, je ne suis pas aimé, mais l'objet a en moi.

Or cet objet n'est pas seulement caché dans les tréfonds de l'inconscient insondable, ou derrière les étants, ni dans la logique inhérente aux relations du sujet et de l'objet, je veux dire à l'insatisaction du sujet.

Il a une existence sociale, c'est l'autorité, et il s'y présente alors comme pouvoir, mana, un flux, une aura. Le presque rien de l'autorité.

Celui qui est privé de toute autorité: il n'existe que par l'onction, ou le refus, que lui accorde celui qui a de l'autorité.

Parce que ce supplément ne se confond pas avec celui qui semble le posséder, l'autorité est vagabonde, au moins en droit.

Ce n'est  ni le phallus ni l'amour maternel, mais un tiers, impondérable, dans la scolastique lacanienne (si je comprends bien, ce qui est ne pas comprendre). L'argent en est la meilleure approximation, peut-être, il est la valeur de toute chose, mais vaut un peu plus que ce qu'il achète, nous explique Simmel. Mais en soi, l'argent n'est rien, du papier. Et rien n'atteint tout à fait ce que vaut l'argent, informe, polymorphe.

La tentation est grande de relier ce supplément, et son nihilisme foncier, et la mystérieuse pulsion de mort, car on détruira tout ce qui ne vaut pas ce Rien.

Il y a ceux qui semblent persuadés de posséder, comme droit à être, cet impondérable, et par conséquent ils se soucient peu des autres et de leur reconnaissance, du moins de fait. Le salaud sartrien en somme.

C'était mon petit voyage, tardif, dans les années soixante et soixante-dix... Il m'a fallu ce temps pour croire comprendre quelque chose à la mathématique lacanienne!

L'on veut posséder, et ce que l'on possède, c'est rien, parce que ce n'est pas ce que l'on demande. Et ce que l'on demande, c'est encore rien, mais un rien d'une autre nature...

Etc... etc... et à l'infini!

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Commentaires
R
Ainsi, sans faire forcément référence à la métaphysique ou à toute considération scientifique, vous êtes confronté à une forme de traumatisme. Selon une fréquence indéterminée, vous reviennent vos angoisses, ce qui constituait l’enjeu de votre vie au travers d’un système qui ressemblait étrangement à la logique du gladiateur dans l’arène.<br /> <br /> Dès votre enfance, vous êtes complètement formaté, embrigadé dans une logique qui veut que le système reproduise ses élites mais plutôt son futur mode de production, sans quoi j’ai toujours eu beaucoup de respect pour Bourdieu.<br /> <br /> Celui qui n’est pas dans la norme, qui n’obéit pas au principe sacro-saints, qui formalise son intelligence au travers d’une forme de résistance consentie ou non sera à tout jamais perdant est la résultante d’un système éducatif qui, toutes proportions gardées au regard d’un minimum de respect, sera toujours une certaine forme de camp de concentration.<br /> <br /> À la concentration, obéit forcément l’extermination, non pas évidemment physique, mais sociale au nom de la perversité des élites qui se permettent d’apprécier la qualité des individus au travers de leur logique bourgeoise de droite comme de gauche.<br /> <br /> La dictature des élites antinomiques présupposées ne sont en réalité à l’époque qui était la mienne qu’un jeu de rôle où chacun y retrouvait son compte et sa forme de reconnaissance.<br /> <br /> Au travers de la cessation de mon activité professionnelle pour raisons de santé, en définitive, et en conscience, je n’ai trouvé qu’une certaine forme de réconfort dans Louis Althusser et mon appréhension intellectuelle n’a positivisme Comtien. Mais tout cela est notoirement insuffisant au regard de l’actualisation dont vous vous êtes faits le messager et au nom de ma propre logique, il me reste ma faculté d’analyse qui par définition, par avance, n’est que celle du profane dont la vocation est à jamais de cultiver sa propre médiocrité.<br /> <br /> Pour l’homme de bien, il reste l’honneur et la capacité de résistance à toute injonction intellectuelle.<br /> <br /> Celui qui nie au nom de son être est un homme libre car il sait que nul précepte ne s'imposera à lui-même.
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R
Au-delà d’une réflexion éminemment respectable et digne du plus grand intérêt, qu’il me soit permis, au nom de ma propre logique de concevoir la problématique exposée avec une vision certes subjective mais qui fera abstraction de ce qui constitue mon état d’esprit à l’instant. Ne pas concevoir une réponse instantanée ou à bref délai n’est nullement la négation du message d’autrui. Parfois, il se trouve qu’indépendamment des circonstances, tout échange s’avère impossible car une forme de rage s’instaure et qu’au travers d’une forme de logique indescriptible, seul un silence momentané permet de dépasser ce que j’appellerai une phase critique sans pour autant avoir le moyen de l’analyser.
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écrits du sous-sol 地階から
  • Confiné dans mon sous-sol depuis mai 2014, j'ai une pensée pour tous les novices du confinement! Mais comme j'ai dit souvent, tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre...
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