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écrits du sous-sol 地階から
14 juin 2018

Du masochisme et de la perte au jeu

Le masochiste trouve-t-il son plaisir dans l'idée que le malheur le place au centre de sa propre tragédie, et fait ainsi de lui un héros?

Et tout héros par la pureté de son désir recherche sa propre mort, dont il jouit dans la douleur.

Je ne suis pas convaincu: la douleur est en soi présence indiscutable, quand le plaisir est toujours discutable, pour ne rien dire du bonheur, qui est question: suis-je heureux?

Il faudrait donc jouir de la douleur, et le masochiste, inexplicablement, y arrive. Il est donc le plus raisonnable de tous! Le seul dont la jouissance soit solide, de par son fondement (!).

Mais il y a autre chose, à savoir que le masochiste lutte en somme non contre le plaisir mais contre l'ennui, le vide, l'absence de sensation.

Il y a là une réponse au vide.

Giono, et la dynamique du malheur contre l'ennui, ce vide, cette statique! Une danse macabre, qui nous mène au chaos et qui est le romanesque même, Stendhal  à l'envers, ou bien à l'endroit: la mort de Julien Sorel.

Il ne s'agirait donc pas tant de se sentir au centre de la scène que de se sentir, ou en tout cas de vivre quelque chose, même sur le mode de la catastrophe.

Et certes, le malheur me recentre sur moi-même, est vécu comme paranoïa: le monde contre moi. Et réciproquement, la paranoïa est vécue comme malheur, drame qui m'arrive. Il y a du rapport entre la paranoïa et la mégalomanie: le narcissisme.

Et bien sûr, le malheur est l'occasion de la distance: je découvre que le bien que je perds, l'amour, l'argent, était sans importance, que l'histoire qui m'arrive a une valeur en soi, celle d'un destin, ou d'un pseudo-destin, d'un substitut de destin.

Le jeu où l'on perd beaucoup, mais l'on joue, l'on s'amuse. On jouit de sa propre ruine! L'on est actif, et l'on est passif, puisque tous nos stratagèmes échouent. Il y a là de l'enfance, d'abord par le jeu, ensuite par la passivité.

On peut se croire innocent, puisque l'on perd. On a donc liquidé sa culpabilité, on l'a noyée, comme dans l'alcool et l'ivresse.

L'ivresse alcoolique a une dimension symbolique: je jouis de ce vertige, je jouis indiscutablement de ma propre ruine physique, et morale, pour me sauver de la culpabilité!

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Commentaires
R
Le masochisme n’existe pas. Il n’est qu’une version de l’appréciation de la compréhension par autrui du caractère totalement impitoyable de la vie. Dire qu’un masochiste s’établit en lui-même en héros est donc une totale aberration.<br /> <br /> Il n’y a nulle jouissance dans la douleur mais la profonde amertume d’une injustice et de la méconnaissance du mérite, de la valeur et de la vertu.<br /> <br /> Cultiver le bonheur, c’est être totalement aveugle et une erreur fondamentale. Courir après son destin ne peut se concevoir au travers de sa capacité de compréhension que tout n’était qu’illusion. Tout réside probablement dans la frustration et un profond sentiment d’injustice mais la police de la pensée cache toujours sa géôle.<br /> <br /> Il n’y a aucun culte de la douleur par définition dans cette logique mais l’acceptation sidérante de la destinée de l’homme, logiquement d’une profondeur haine de la réalité humaine et une férocité inextinguible et d'un immense paroxysme à l’égard d’une logique qui n’est finalement que celle du géniteur absolu, probablement monothéiste et dont la subtilité sémantique de ses grands prêtres consistait à établir une logique selon laquelle le mode de comportement induisait en lui-même à terme un devenir radieux et une juste rétribution. Ainsi, nous avons une exacte appréciation de que ce qui constitue une escroquerie ou un abus de confiance.
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écrits du sous-sol 地階から
  • Confiné dans mon sous-sol depuis mai 2014, j'ai une pensée pour tous les novices du confinement! Mais comme j'ai dit souvent, tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre...
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