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écrits du sous-sol 地階から
27 mars 2018

le poème des sciences

 En lisant Empédocle, et en rêvassant

Le poème de la science n'est pas la science, et pourtant elle commença ainsi, par quelque chant proclamant la nature des choses, et aussi l'humaine raison, l'humaine déraison. Je le dirais en grec, ou peut-être en turc, je ferais moins rire, et serais tout autant dérisoire pourtant. 

La sphère primordiale d'Empédocle, où toutes choses sont mêlées, par la grâce d'Amour, qui les enlace toutes; et ne peuvent sans Colère se séparer.

Il est fréquent d'entendre, en effet, que la source du mal, c'est le refus de la différence. Et on ne pense pas alors qu'un monde indifférencié, mélange de toutes choses, est refus de leur affirmation, c'est-à-dire de leur séparation. Ah, l'universelle confusion de toutes choses! Gare à celui qui prétendrait s'écarter de cette heureuse unité! Par bonheur, Haine, quand le temps fut venu, sut s'introduire dans les membres de la Déesse ronde.

Ce n'est en effet que dans l'entre-deux, pour ainsi dire au milieu des cycles du temps, et de l'Etre, que les tribus innombrables des choses distinctes et complexes peuvent naître. Les étants. Empédocle traite des couleurs et pourtant oublie, je crois, d'attribuer le blanc aveuglant à la sphère amoureuse de l'Etre total. Total, moins la colère, total moins la haine.

La physique contemporaine dit en somme le même, écrase toutes choses au sein du trou noir, ou de l'atome primordial, et y oppose la dilution de l'ordre dans l'entropie, redoublée par l'inflation de l'espace, de l'univers, en somme du rien, toujours moins dense, toujours plus raréfié. Toujours plus de rien, et moins de quelque chose!

On nous explique aussi, mais ai-je bien compris ces choses peu compréhensibles, que le vide est plein, qu'il est entrelacement de deux étants opposés et potentiels, qui dans cet embrassement, ce chiasma, s'annulent.

Dans le poème des mathématiques, du rien, de l'ensemble vide, naît d'abord l'unité. En effet, s'il n'y a rien, il n'y a que l'ensemble vide. Mais ce néant apparent est quelque chose, car on peut compter le néant, je veux dire les ensembles vides: il n'y en a qu'un. Ainsi il y a un, un Zéro. Un est donc né de rien, et bientôt Deux, devinez, si vous êtes malin, ou bien mathématicien, comment? Ce ne sont pas, en tout cas, deux ensembles vides, car ils se superposent, forcément, et ne font qu'un. Quelle est, sinon, leur différence? L'ensemble vide encore, c'est-à-dire le même, et l'un. Il en va comme du point. Deux points qui se touchent se touchent par un point, et donc par eux-mêmes, c'est qu'ils ne font qu'Un. Mais Un n'est pas rien, ou plutôt ne l'est plus. C'est un presque rien, et de ce presque rien tout jaillit enfin, autant de  nombres que tu le désires, sauf l'infini. 

Et le temps, le devenir, ni être ni néant, qu'est-il?

Qui a la réponse? J'ai la réponse,et elle est fausse.

Ce qui est est aussi autre chose que ce qu'il est. Deux. Il lui faut en chaque moment, éternel sinon, choisir et redevenir Un. Il change, c'est-à-dire choisit, ou plutôt est choisi sans personne pour choisir, car le hasard n'est rien que le temps même. 

Sais-tu aussi comment la conscience advient à la matière morte? Non, cela je ne le sais, car je ne puis le penser, même dans l'horreur de l'erreur!

C'est en somme la certitude cartésienne, retournée comme peau de lapin, car cette science est précisément ignorance!

Peut-être y a-t-il des morceaux informes de consciences, ou plutôt une feuille blanche, une lumière qui n'est pas la lumière, et ce sont les circuits de nos cerveaux qui comme la langue donnent à ces mouvements informes la forme de la pensée, ou du moins la forme du sentir.  

Faibles sont les forces de l'esprit humain, et les miennes. J'ai du moins montré, en m'appuyant sur tous mes délires, en n'en oubliant aucun, comment l'on se trompe, associant comme des absolus des termes et des signes en dehors du contexte qui leur donne sens, et raison. J'ai du moins montré comment l'on déraisonne.

 

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  • Confiné dans mon sous-sol depuis mai 2014, j'ai une pensée pour tous les novices du confinement! Mais comme j'ai dit souvent, tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre...
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