la critique dogmatique
Le dogmatisme. Curieusement, les adversaires de la doxa, du dogme ambiant et irréfléchi, sont volontiers des dogmatiques affirmés et conscients.
Reboul expliquait que les pires dogmatismes, religieux ou séculiers, se sont présentés d'abord comme critiques, du moins avant de parvenir au pouvoir.
Ainsi, pour renverser le capitalisme, la religion, le formatage généralisé de l'éducation, ils commencent par le théoriser comme système sans aucune respiration, un organisme immortel et invincible, qui a depuis longtemps su détourner à son profit le désir qu'est l'individu.
Plus aucune place, par conséquent, pour la vieille dialectique!
Certains esprits procéduriers et mauvais construisent ainsi des machinations pour enfermer leurs ennemis dans des machines kafkaiennes, et s'y enferment eux-mêmes.
Le problème, c'est que ces analyses émancipatrices sont en réalité plus ou moins paranoïaques, et par conséquent ne libéreront jamais personne, et surtout pas leur artisan minutieux.
On est malgré les apparences au plus loin de l'esprit critique, même si on use d'appellations comme "pensée critique", "critique de l'économie politique"...
On imagine ces gens jouer aux échecs en partant du principe que l'adversaire est infaillible, et en expliquant pourquoi et comment.
A tout faire, le scepticisme serait plus efficace: je pense en fait à Tolstoï montrant comment Napoléon ne maîtrisait rien tout en croyant le contraire, car la réalité échappait à sa prise, sur le champ de bataille comme à Paris, ou Moscou.
Il y a du désordre. Il y a de l'ordre, mais nous ne pouvons pas le saisir par notre intelligence. Il y a de l'ordre, mais nous ne savons pas le distinguer du désordre!
Par conséquent, il y a surtout du désordre...
Plus sérieusement, le désir d'être soi saura s'affranchir du conformisme et de tout formatage et récupération. C'est certes un acte de foi, cela, foi en la liberté!