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écrits du sous-sol 地階から
3 novembre 2017

Saussure et la répétition poétique: l'anagramme EBAUCHE

Dans sa théorie de l'anagramme et de l'hypogramme, du paragramme enfin, Saussure soutient que dans les poèmes indo-latins, et jusqu'à aujourd'hui, la loi de la poésie est de mêler au poème le nom de son thème sous forme de monophones et de diphones. Ce n'est donc pas écriture pure, c'est écriture et déclamation, car phoné n'est pas grammata.

A l'origine, la force magique de l'hymne supposait que l'on mêlât étroitement le nom du dieu et le texte efficace, obligeant ainsi Dieu, ou le dieu, à s'exécuter, à obéir à la prière magique, selon le principe même de la magie, distincte de la religion, sociale et respectueuse du Numen!

Nomen est numen, numen est nomen.

 

Dans la poésie moderne, l'effet recherché n'est plus magique, il est purement poétique, comme la rime ou l'assonance.

 

Reste à savoir si le poétique n'est pas simplement le magique, ou plutôt un magique dégénéré, réduit à l'effet subjectif dans l'imagination du lecteur ou du poète lui-même. Un charme dépourvu de toute efficacité physico-magique, bref un effet devenu seulement esthétique.

Nietzsche dirait sans doute que l'esthétique était déjà présent in nuce dans le magique!

Baudelaire, le poème fait de REPETITION, et aussi de symétrie et de surprise. La surprise de l'association par l'assonance des idées en apparence étrangères entre elles, ou opposées, ainsi que la noirceur secrète du lait, et le lait sucré de la nuit !

Répéter, c'est donc sortir de soi vers le Tu aimé en s'enfermant, dedans le ressassement; c'est comme le bercement que s'impose à lui-même l'enfant abandonné, orphelin. Hilflosigkeit et poème!  

Séve de ma vie, O ma Ville, O ma reine de toute banderille! Pauvre douleur qui trille et scie l'échine de tes amours, Toro bravo! Et toi jolie ballerine ! O mort splendide vêtue de soie, de lumière, o Torero. Mais je badine.

De même que le poète perçoit tout démembré le corps de l'aimée mêlé au cosmos comme son âme et sa divinité, qu'il  aperçoit la chevelure de l'aimée dans le feuillage des arbres, sa cheville dans celle de la biche, sa voix dans le chant du rossignol, il entend encore les sons de son nom, tout aussi dissocié et disséminé, dedans ceux de son chant à lui, dans sa parole intime comme dans les mots inutiles en ce qu'ils disent les choses étrangères à son amour.

Hélas, ce désir n'atteint pas le Tu, mais seulement son nom.

Pas même son nom, car le nom de l'absent est lui-même absent!

Comme Dieu et son nom même dans la récitation hébraïque.

SEVILLE

Ben Sevilla şehri seviyorum

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Commentaires
écrits du sous-sol 地階から
  • Confiné dans mon sous-sol depuis mai 2014, j'ai une pensée pour tous les novices du confinement! Mais comme j'ai dit souvent, tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre...
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