Lyotard et le différend
Lyotard développe paradoxalement une sorte de pensée transcendantale du chaos langagier, cette multiplicité d'univers et de phrases, qui certes respecte en général des formes, mais vaut avant tout par des coups et des événements, des renversements sophistiques et sophistiqués. La phrase ne dit rien, elle se dit elle-même, la logique mégarique mine le sérieux du langage, et le langage comme Un n'existe pas.
Bref le langage n'a pas d'objet, pas même lui-même, car il n'existe pas. Il n'a pas d'unité, même formelle, pas de loi ultime, sinon celle d'un jeu sans règles.
Puis ce jeu, cet affrontement, entre phrases et régimes de phrases, où tout se joue dans la répartie, dans l'indéterminisme de droit entre deux phrases successives, se voit lesté d'un poids,d'un sérieux, celui de l'autre, du silence, de l'enfance. D'Auschwitz.
C'est cet autre du langage qui donne son sérieux au jeu agonistique et transcendantal, un jeu sans règles et dont pourtant Lyotard donne les règles, sur le mode paradoxal bien connu du "il est interdit d'interdire".
Ce sérieux, ce n'est pas Dieu, c'est l'injustice, et les jeux des sophistes ne valent que parce qu'ils exhibent le vide du discours de la fausse justice, qu'ils font ainsi valoir les droits du Gauche contre le Droit.