Deuil et mélancolie
La mélancolie, l'incapacité de faire le deuil de ceux que l'on a aimés, peut-être justement parce qu'ils ne vous ont pas aimé. Ils vous manquent deux fois par conséquent.
La Princesse de Bohême, et le trône, son père, le roi déchu: il est pour elle comme un membre tranché, un membre fantôme, qui fait partie de vous tout en manquant. Alors, il vous manque, sa présence n'est plus rien, sinon la douleur. C'est le désir, ou une face du désir.
La sage réponse de Descartes. Faire comme si cela n'avait jamais fait partie de vous, comme si c'était aussi impossible que le trône du Japon, ou de la Chine. Non, répond la mélancolie, ce qui me manque est mon être, je suis les yeux d'Elsa et Elsa m'a quitté, ou est morte.
La mélancolie est superstitieuse, elle croit à la fois au destin et en la possibilité de l'abolition de ce destin. Un destin aboli, voici qui est scandaleux. Je suis donc une possibilité, voire une nécessité, mais dans un autre monde que ce monde réel et faux. Kafka, il y a beaucoup d'espoir, il y a trop d'espoir.
Non, qu'il ne soit pas pour nous comme il dit. Il est nôtre et "on" nous le refuse!
L'on passe vite, d'après cette analyse du moins, de la mélancolie au ressentiment.