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écrits du sous-sol 地階から
2 novembre 2017

le langage entre méditation et logique - Humboldt

Il est peut-être dommage que Humboldt ait noyé sa réflexion sur le Je et le Tu comme noyau de toute langue dans des considérations sur le nombre grammatical, plus exactement sur le duel. Du coup, le Je et le Tu tendaient à n'être qu'une expression particulière d'un dynamisme universel, l'Absolu se retrouvant lui-même, ou plutôt cherchant à se retrouver, dans la dualité.

On notera encore la vision dynamique de l'absolu chez Humboldt. S'il était une substance, il ne serait pas l'absolu, mais quelque chose. Il se doit de s'exprimer comme déhiscence, comme mouvement, d'où le verbe comme pivot de la phrase et de la pensée: le verbe est mouvant, il se conjugue, il a rapport et avec le Je/tu et avec le temps. La langue, en tant qu'Absolu, n'existe que dans la communauté, c'est-à-dire dans le chatoiement insaisissable du même, y compris les jargons et les dialectes. L'absolu n'est pas l'Etre, c'est le verbe.

Ainsi, c'est l'esprit le plus poétique, voire le plus "magique" qui a fondé en somme l'unité du logique et de l'expression, qui plus exactement a montré que la logique ne pouvait pas avoir de définition précise, puisqu'elle se confond en fait avec la grammaire profonde de la langue humaine, au singulier. Ce n'est pas seulement que les langues sont structurées aussi par le poétique, l'imaginaire, le communicationnel, et non par la seule logique, c'est aussi qu'il faut élargir le concept de la logique, ou plutôt que la logique n'est pas définie a priori, indépendamment de l'anthropologie, comme le voulait pourtant Kant dans son purisme. Ce n'est pas à la science logique de réformer la langue, ou l'écriture, elle doit plutôt s'inspirer des langues naturelles pour enrichir sa compréhension de la pensée.

Leibniz, contrairement à ce que disent souvent les humboldtiens, en avait eu l'intuition. Ou plutôt cette idée leibnizienne rend plus claire l'entreprise, la tentative, humboldtienne: apprendre toutes les langues! Mais ce n'est pas possible, car bien des langues ne sont que des possibilités non réalisées, et quasiment impossibles à imaginer. On ne peut pas déduire une langue, dans sa singularité, par exemple le chinois ou l'aztèque.

Ainsi, le verbe exprime la relation comme quelque chose d'irréductible à une substance, à un sujet plus ou moins identique à soi. Il doit donc y avoir dans le verbe un moment certes empirique, sonore, mais plus subtil que le nom. C'est la variation, toute musicale, du radical.

Elle est à la fois le fruit de l'évolution d'une langue, par exemple l'ancien germanique, et l'expression inventive d'un moment nécessaire, mal reconnu et mal exprimé par les langues qui traduisent la relation, ou le temps, par un signe indépendant.

Tout n'est donc pas forme dans une langue, et plus une langue est formelle plus elle est à la fois expressive et logique. 

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écrits du sous-sol 地階から
  • Confiné dans mon sous-sol depuis mai 2014, j'ai une pensée pour tous les novices du confinement! Mais comme j'ai dit souvent, tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre...
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