fruit: la figue
J'avais goûté du mauvais amour hélas le fruit frelaté et tel un frelon irrité de sa noire épine il m'avait piqué. Ah figue de barbarie du midi inconnu, Provence empoisonnée, pour moi seul hélas, ma langue chasseresse avait tant menti, avait tant gonflé, tandis que je t'aimais, tandis que tu ne m'aimais, ou bien de loin, si loin et silencieusement.
À Manosque, Angoulême, ou bien Albi.
Par tous les serpents de tous les paradis, avertissement solennel, je ne t'entendis point, mon âme, ni mon amour, ne furent purifiés de toutes ces tendres rumeurs, baisers du diable; baisers du mensonge. Mon corps a donc pourri tel un bel orme! De bois bien sûr, de bois et ma pensée et ma parole.
Pourtant je ne suis point mort et je t'aime encore, frêle inconnue, hôte familière de tous mes rêves, plus nue seulement.
Gardienne de mes nuits,
Antique poison, mort et opium éteints, je dirai au monde, qui t'attend encore, ton amoureuse épreuve!