âmes malades et qui clochent
Âmes malades, âmes qui clochent
Il est des âmes sales, bavardes, fêlées, qui fuient et fument à tous les vents, et dont le chant obtus est le plus faux. Elles ignorent le chant du monde, elles ignorent le jour comme la nuit, elles n'ont point cueilli la rose de la vie ni la mortuaire et salutaire brûlure de la grande ortie.
Ah, sombres trompettes au ténébreux éclat! Soufflez tempêtes, venez ouragans!
Refermées sur elles-mêmes et leur vie mesquine, ainsi que des huîtres, elles font le compte morose de leurs déboires, de leurs sous et de leurs nuits.
Tristes perles! Et tristes huîtres!
Elles voudraient hurler leur haine aux six coins de l'univers, mais voici qui ressemble au couinement d'une chatte en rut, cela fait rire, cela fait pleurer, cela ne fait point peur comme elles l'auraient voulu. Leurs cauchemars affreux mêmes ennuient, car ils sont stupides, ils sont vains, de ce même métal fondus.
Alors on se fâche, on menace de la fessée, et l'âme fêlée fuit vers son néant, comme un rat vers son trou. Mais le rat a grossi, il n'entre plus dans le trou puant de ses souvenirs ineptes. L'animal se voit pris au piège de son propre malheur, et de sa sottise. Ah, quelle tragédie! Ah, que de pleurnicheries!
Il est des âmes fêlées, d'un métal ébréché, un métal sombre et lourd, des âmes dont le bleu est celui du plomb!
Mais quoi, as-tu oublié que ta rose fane à mesure qu'elle éclot? Que c'est de ce métal vénéneux et plat, le plomb obtus, que j'ai cuit, et recuit, ainsi qu'en une cornue de sapience, mon plus bel or, ma haine de l'aloi le plus pur comme mes livres les plus sages?