le mauvais navire, le vieux gréement
Il est des jours frileux, il est des jours jaunes, des jours fielleux, des jours d'un mauvais aloi, où le corps maugrée et crie à tous les vents, comme un mauvais navire, un vieux gréement. Et on se retourne vers l'Océan.
Qu'il est petit cet océan-là, et qu'il est grand, quand on en compte, une à une, les vagues. Je me souviens aussi de la bassine d'eau âcre où je me lavais quand c'était Dimanche et que c'était l'enfance.
Explication: j'aime la couleur jaune, mais elle a mauvaise réputation, on explique ainsi en histoire de l'art que tel jaune d'une scène de crucifixion évoque, mieux EST l'angoisse. Je considère pourtant que certaines nuances du jaune évoquent au contraire la gloire du soleil et ont un côté rassurant. Mais dans les deux cas, il s'agit de narcissisme, inquiet ou serein, selon une polarité qui nourrira longtemps encore les psychologues! De plus le jaune appelle l'or, et l'or le bon ou le mauvais aloi, d'où les jours de mauvais aloi, les jours de la vieillesse sans poésie. De là à en faire un poème, il n'y eut qu'un pas et quelques pieds boiteux...
Baudelaire:
Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
L'univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !
L'infini, qui se donne sous forme finie, le temps, constitué d'une infinité d'instants, et qui passe si vite, dit-on.