poètes malades et pulmonaires
Les poètes d'autrefois se vêtaient d'étoffes sombres, lourdes, sales, et de temps. De mauvais temps et de crachin. Il faisait humide, humide, on était à Paris, on crachait, les mots comme les tripes. Les poètes d'autrefois ne vivaient pas longtemps, leur chair était blême, leurs cernes très bleus, et leur âme allait de même, cahin-caha, de ci de là.
Leur belle âme couleur d'absinthe!
Ils aimaient la fumée, l'automne, l'alcool, et les mots. Les mots. Ils n'étaient pas eux-mêmes, qui donc leur aurait laissé le temps?
J'ai cueilli la fleur qui mourut dedans ma main. J'en ai cueilli une autre, plus bleue seulement, qui portait le blême emblème de nos dieux pulmonaires.
Explication
Il s'agit de la Pulmonaire officinale, censée soigner les maladies du poumon de par la magie de la ressemblance, ou théorie de la signature: les taches blanches de ses feuilles ont été associées aux alvéoles de nos poumons...