contre la théologie de la dette
Ils te le disent, ce que tu possèdes n'est pas à toi, ils te le disent, tu es endetté, tu devras tout rendre! Et quoi, je le sais, je ne suis que locataire, je n'ai de mon corps et de ma pensée, de la langue aussi, que l'usufruit.
Quelle est cette pensée, ou plutôt cette théologie de la dette, qui se croit science, qui se croit économie scientifique? C'est de Funès qui dans le film "la folie des grandeurs" explique aux pauvres qu'ils sont faits pour être encore plus pauvres, et les riches pour être encore plus riches.
"C'est normal" conclut notre économiste philosophe et radin, fillonesque sans le savoir. Et il a raison, au plan du fait sinon celui du droit, car de ce dernier on discute depuis l'antiquité!
La théologie de la dette, c'est donc le riche qui dit au pauvre qu'il n'est que pauvre, que ce qui est au pauvre est en réalité au riche! A lui, par conséquent. Le peu d'argent ou de biens dont dispose le pauvre est déjà scandale, vol, ou du moins emprunt!
C'est encore le père qui veut que son fils lui appartienne, qu'il n'ait d'être que par le prêt de foutre qu'il a bien voulu lui faire. La dette nie le présent au nom du passé du don, qui n'était que prêt selon eux! Maman a-t-elle joui, et lui aussi? Cela ils l'ont oublié! Arendt explique, au contraire, que nous avons une dette à l'égard des enfants, car nous les avons jetés dans le monde sans leur demander leur avis.
Mais soyons sérieux, l'économie véritable c'est l'échange, c'est l'activité qui ne revient jamais à sa source, c'est le transitif: je rends ce qu'on m'a donné, oui, mais à mes enfants, et aux étrangers. Même mes os nourriront les vers!
C'est de cette manière que nous sortons de la logique barbare de la horde primitive, que nous faisons histoire, et société. Beaucoup n'en sont jamais sortis. Ils en sont morts.